Les
îles basses des océans tropicaux comme les Maldives ou Kiribati
pourraient bien être complètement submergées un jour à cause de l’élévation
des eaux de mer, nous rappelle The Economist.
Le
niveau de la mer a monté de 20 centimètres en un siècle, et pourrait
augmenter cinq fois plus d’ici 2100 si les feuilles de glace du
Groenland commencent à fondre, affirme le magazine britannique. Dans ce
cas-là, la disparition des «îles submergées», les atolls, est une possibilité à prendre en compte. Et la question se pose: que va-t-il advenir des États une fois sous l’eau?
Ce
problème n’est pas essentiellement théorique: même si les îles ne sont
pas immergées avant des siècles, les côtes qui disparaissent petit à
petit posent déjà le problème du droit d’exploitation des minéraux et du
poisson pour les habitants des îles, comme le confirme David Wei, de
l’organisation non gouvernementale Fields.
Selon
le droit de la mer, un État a 12 milles maritimes d’eaux territoriales,
et une zone exclusive économique de 200 milles (370 kilomètres) de
rayon maximum. Il peut également revendiquer la propriété d’un plateau
continental juridique dans une limite de 350 milles marins. Certains
professeurs estiment qu’une fois ces lignes de base établies pour un État, elles sont inamovibles, ce qui permettrait aux îles basses de
conserver leurs droits.
Pourtant,
le droit international établit qu’un État doit avoir un territoire
déterminé, une population permanente et la possibilité de négocier avec
d’autres États, ce qui semble compliqué pour une île «sous-marine». The
Economist souligne aussi que seules les îles peuvent «supporter des aires économiques», contrairement aux simples rochers, ou les lieux ne pouvant pas «supporter d’habitation humaine ou de vie économique propre».
Malgré
tout, l’hebdomadaire conclut que dans la pratique les îles submergées
pourront probablement maintenir leur statut d’États. Selon la
professeure de droit de Berkeley Jenny Grote Stoutenburg, si les atolls
réussissaient à maintenir une structure flottante artificielle, ils
pourraient rester des États.
Autre
piste, celle des états «déterritorialisés», comme l’Ordre de chevalerie
de Saint-Jean qui était traité dans le passé comme un royaume malgré
l’absence de territoire propre. La professeure Rosemary Rayfuse, de
l’université australienne de New South Wales encourage la
réappropriation de ce concept d’autorité sans territoire.
Quoi
qu’il en soit, le risque encouru par les îles est bien réel. La
conférence de Cancún sur le climat, en novembre dernier, a parlé d’une
possible «fin de l’histoire» pour les atolls, peut-on lire sur Reuters. Les îles les plus en danger seraient Kiribati, Tuvalu, les îles Cook, et Marshall et les Maldives.