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Avoir trop de choix nous rend égoïste

Temps de lecture : 2 min

Let's-Go-Shopping, x-ray delta one via Flickr, CC-Licence-by
Let's-Go-Shopping, x-ray delta one via Flickr, CC-Licence-by

Vous êtes au supermarché, au rayon du dentifrice. Votre choix est immense: des dizaines de tubes sont devant vous dans les rayons.

Cette variété peut-être vue comme une bonne chose, preuve de notre liberté de choix. Mais une nouvelle étude montre que cette capacité de choisir n'est pas innocente, et peut conduire à une prise de décision plus égoïste, relate Ed Yong sur Not Exactly rocket science.

L'étude a été menée par les psychologues Krishna Savani de l'université de Columbia à New York, Nicole M. Stephens de l'université du Nord-Ouest dans l'Illinois, et Hazel Rose Markus de l'université de Stanford en Californie.

Plusieurs expériences ont fait réfléchir des étudiants américains sur le concept du choix. L'équipe de recherche a ainsi pu étudier leur réaction face à une demande de sacrifice individuel pour le bien de la société. Elle a pu montrer que les gens se sentent «moins concernés par le bien public, et moins empathiques envers les défavorisés» après avoir été confrontés à un large choix, ou avoir réfléchi à ce concept.

Pour arriver à ce résultat, l'équipe a demandé à 54 étudiants américains, dans une première expérience, de regarder une vidéo montrant quelqu'un effectuant des gestes de la vie de tous les jours: ouvrir une lettre, choisir un album de musique, ou manger du chocolat. Une moitié des étudiants devait appuyer sur un bouton chaque fois que le personnage à l'écran effectuait un choix, selon eux. La seconde moitié devait appuyer sur un bouton chaque fois que la personne touchait un objet.

Dans une seconde expérience, les étudiants ont vu la même vidéo et appuyé sur les mêmes boutons. Puis ils ont consulté 6 vignettes montrant des gens ayant soit raté des examens, soit —plus grave— étant victimes d'accidents de voiture, ou d'abus physiques. Les étudiants ayant appuyé sur le «bouton du choix» ont été plus nombreux que les autres à mettre en cause les victimes hypothétiques.

Enfin, dans une dernière expérience, 26 étudiants devaient choisir un objet (crayon, barre de chocolat, carte d'anniversaire, porte-clé), tandis que d'autres devaient simplement décrire un des objets. Dans une pièce différente leur était contée l'histoire de Roke, Malien de 7 ans, pauvre et famélique, dépendant des organismes de charité. S'il était clairement victime des circonstances, les étudiants ayant eu le choix ont montré moins d'empathie pour lui que les autres étudiants. «Comparé à leur pairs, [les étudiants ayant eu le choix] étaient (...) moins touchés par sa condition, moins à même de se sentir obligés de l'aider et d'effectuer une donation», relate Ed Yong.

Toutefois, cette variété n'a pas les mêmes conséquences dans d'autres pays. Savani, Stephens et Markus mentionnent sur LiveMint une autre étude, menée par Ritu Tripathi à l'Institut de gestion de Bangalore. Tripathi a étudié les conséquences du choix chez des industriels indiens.

«[Ritu Tripathi] a découvert que les industriels étaient volontaires pour effectuer une tâche en ligne, et ce durant plus de 25 minutes, quand on leur demandait de se libérer autant qu'ils le pouvaient. Quand ils avaient le choix, la durée de leur volontariat se réduisait à 5 minutes.»

Ceci révèle, dit l'étude, que valoriser leurs obligations et leurs buts les dynamise plus que lorsque cela concerne leur choix personnel.

D'autres part, leurs mêmes expériences concernant un enfant pauvre n'ont pas réduit l'empathie des étudiants indiens.

«Nous supposons que ces variations viennent des différences culturelles, notamment autour de la signification de “bonne personne”.»

Toutefois, ajoute Krishna Savani:

«Si les Américains pensent qu'ils choisissent d'aider quelqu'un de leur propre volonté, […] ils seront sans doute bien plus charitables. Le problème réside plutôt dans le “choix pour le principe d'avoir le choix”

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