Après l'exécution de Ben Laden à Abbottabad, au nord d’Islamabad, le 2 mai 2011, par une équipe de militaires américains, les autorités pakistanaises ont insisté sur le fait qu’elles ne savaient rien de cette opération. Les autorités et les dirigeants militaires pakistanais avaient alors vivement critiqué les Etats-Unis. Or, The Guardian indique que les autorités pakistanaises en avaient en fait accepté le principe, il y a longtemps.
D'après le quotidien britannique, les deux pays auraient conclu un accord secret il y a presque 10 ans pour permettre aux Etats-Unis d’intervenir sur le sol pakistanais, si elles savaient où Ben Laden se cachait.
L’accord, aurait été conclu entre l’ancien président pakistanais, Pervez Musharraf et le président George W. Bush suite à la fuite de Ben Laden dans les montagnes de Tora Bora à la fin 2001. D'après des anciens responsables militaires américains et pakistanais, les deux chefs d'Etat se seraient mis d'accord pour un raid unilatéral américain au Pakistan à la recherche de Ben Laden, de son n°2 Ayman al-Zawahiri, et de son n°3. Les Pakistanais ne seraient pas mis au courant en avance de l'assaut, mais ils donnaient leur accord sur son principe.
Un ancien officier pakistanais affirme aussi au Guardian à propos du raid sur la villa de Ben Laden:
«Pour ce qui est de nos amis américains, ils ont simplement mis en oeuvre l'accord.»
Accord qui stipulait que le Pakistan protesterait ensuite vigoureusement contre cette intrusion. D'après un ancien responsable militaire américain, les protestations par le Pakistan sont la «face publique» de l'accord:
«Nous savions qu'ils allaient nier cette affaire.»
Le 2 mai, l'ancien président du Pakistan Pervez Musharaf déclarait que, si l'exécution de Ben Laden était «une étape positive et aura des implications positives à long-terme» pour le peuple pakistanais, il n'en restait pas moins que les Etats-Unis avaient effectué «une violation de notre souveraineté». Il estimait également que le gouvernement de Yousaf Raza Gilani aurait dû être mis au courant, rapporte l’India Journal:
«Les troupes étrangères qui franchissent la frontière vers le Pakistan ne seront pas aimées par le peuple pakistanais. Les forces américaines ne devraient pas les avoir franchi. La manipulation et l’exécution de l’opération [par les forces américaines] n’est pas correct. Le gouvernement pakistanais aurait dû être tenu au courant.»
Selon Pervez Musharaf, ce manque de confiance est «très mauvais» pour leurs relations avec les Etats-Unis car les deux pays se battent contre le même ennemi racontait alors l’India journal. Le Premier ministre, Yousaf Raza Gilani, déclarait quant à lui:
«Le Pakistan se réserve le droit de riposter avec force [en cas de nouvel assaut].»
Des chefs religieux et des groupes de droits humains ont appelé à justifier plus clairement la légitimité du raid. The Guardian soulignait d'ailleurs:
«Après des années de tueries ciblées par des drones américains sur la frontière pakistano-afghane et au Yémen, la mort de Ben Laden apporte un climat de suspicion juridique et politique sur la légalité des attaques américaines à l’étranger.»
Photo: Pakistan Diaster Relief, DVIDSHUB via Flickr CC-Licence-by