Une étude parue le 26 avril sur le site internet PLoS Medicine révèle que des professionnels de la santé dépendant du ministère de la Défense américain travaillant à la prison de Guantanamo ont caché ou omis les preuves de tortures sur les corps de 9 détenus.
Les deux auteurs de l’article, Stephen Xenakis (retraité de l’armée américaine) et Vincent Lacopino (conseiller médical), des militants de l’organisation américaine Physicians for Human Rights, soulignent que les détenus étaient alors privés de sommeil, exposés à des températures extrêmes, de graves menaces, des coups ou encore forcés à être nus. Chacun des neuf détenus ont déclaré avoir été roués de coups, agressés sexuellement, menacés d’exécution et étouffés.
«Les médecins et les personnels de santé mentale affectés au département américain de la Défense ont négligé et/ou dissimulé des preuves médicales de dommage intentionnel», explique le rapport.
Ce rapport est publié au moment où le journal The Times et des associations ont obtenu 700 documents prouvant des actes de tortures sur les détenus. The Times raconte l’histoire de Mohammed al-Qahtani, un Saoudien qui aurait été tenu en laisse, sexuellement humilié et contraint d’uriner sur lui.
«Les médecins ont la responsabilité indépendante et professionnelle d’identifier et de rapporter les cas de traitements et de torture cruels, inhumains et dégradants. Ils ont la responsabilité de prendre la parole», explique Stephen Xenakis.
Le journal New York Times indique quant à lui que l’administration Obama s’est opposée à la publication de ces documents, ce qui ne permet pas de savoir si le personnel médical était réellement complice ou non dans les opérations de détentions. Les deux auteurs ont bénéficié d’un accès privilégié à ces dossiers et ont fondé leur rapport sur ces documents. Ils demandent donc la réalisation d’une nouvelle étude publique approfondie et impartiale afin de trouver les responsables de ces actes de tortures.
Pour justifier les traumatismes des détenus, les médecins se sont retranchés derrière une explication de troubles psychologiques, explique le rapport. On a donc parlé de «troubles des personnalités» et de «facteurs de stress dus au confinement». Le rapport souligne aussi que les médecins n’ont pas fait mention des mauvais traitements physiques apparents sur les corps des détenus: contusions, fractures osseuses, déchirures ou lésions de nerfs.