Traduttore, traditore. La traduction en matière religieuse peut avoir des résultats inattendus. L'Eglise catholique en a fait les frais avec la publication de son Youcat, pour «Youth Catechism», révèle Témoignage chrétien.
L'ouvrage, en forme de questions-réponses, est destiné à éclairer les plus jeunes sur les mystères de la foi chrétienne. Prévu en 750.000 exemplaires dans 15 langues, le Youcat était originalement rédigé en allemand. Mais la langue de Goethe a posé quelques soucis aux traducteurs.
Une rumeur circulait ces derniers jours sur l'assouplissement de la doctrine officielle concernant l'utilisation des moyens contraceptifs. Normal... C'est un raté dans la traduction de l'article 420 du Youcat italien, explique Témoignage chrétien:
«On y trouve une réponse positive à la question: "Un couple chrétien peut-il avoir recours à des méthodes contraceptives [metodi anticoncezionali]?" Dans la traduction anglaise pourtant, on lit: "Un couple chrétien marié peut-il contrôler le nombre de ses enfants [regulate the number of children they have]". Une formulation nettement plus en phase avec la norme vaticane, en cours depuis 1968 (!) et l'encyclique Humanae vitae.»
«Méthodes contraceptives» doit être lu comme «régulation des naissances», précisera désormais la nouvelle mouture du Youcat, explique Ouest France. François Vercelletto, qui tient le blog Etats d'âme, souligne néanmoins:
«Au-delà de cette erreur, c'est bien la question du contrôle des naissances qui est posée. L'Eglise n'en conteste pas le principe, mais reste ferme sur les moyens d'y parvenir. Le Vatican demande de recourir exclusivement à des méthodes dites "naturelles", qui sont pour le moins contraignantes et d'une efficacité relative.»
30.000 exemplaire jetés aux orties
En France cette fois, c'est 30.000 exemplaires qui seront jetés aux orties:
«L'ouvrage imprimé affirmait: “Reconnaître la liberté religieuse signifie reconnaître que toutes les religions sont égales” au lieu de la bonne formulation: “Reconnaître la liberté religieuse ne signifie pas reconnaître que toutes les religions sont égales.”»
Une simple négation occultée et c'est la politique du Vatican tout entière qui est décrédibilisée.
Mais la traduction en matière religieuse peut aussi avoir des conséquences d'un autre genre. Comme nous le faisions savoir ici la Bible, traduite un million de fois dans toutes les langues se traduit -désormais- en incluant le pronom féminin alors que les pronoms qui s’appliquent aux deux sexes dans les textes anciens (hébreux ou grecs) étaient jusqu’ici traduit uniquement en utilisant la forme masculine en anglais.
Un Comité de traduction de la Bible, The New International Version a –par exemple– repris un verset biblique de Jean : «Si quelqu'un dit “J'aime Dieu”, et qu'il haïsse son frère, il est un menteur». Désormais le passage sera traduit en : «Si quelqu'un dit “J'aime Dieu”, et qu'il haïsse son frère ou sa soeur, il est un menteur.»
Photo: Textes sacrés Baz Ratner REUTERS