Suite à une enquête de l'université de Tilburg aux Pays-Bas, les résultats de cette étude sont mis en cause.
Imaginez-vous dans un pièce bien entretenue, propre, ordonnée. Maintenant, imaginez-vous dans la même pièce, mais tout est en désordre, le sol est sale, des livres trainent partout. Vous sentez-vous différents?
Dans la deuxième pièce, vous êtes plus susceptibles de vous tenir à l'écart d'une personne d'une autre origine, ou de penser que les musulmans sont agressifs et les homosexuels créatifs. C'est en tout cas ce que montre une étude menée par les chercheurs de l'université de Tilburg, aux Pays-Bas, rapporte le Los Angeles Times.
L'idée sous-jacente à la recherche, c'est que les personnes vivant dans un environnement chaotique ont tendance à compenser ce désordre en catégorisant les gens dans leur tête, selon des stéréotypes récurrents. L'hypothèse n'est pas nouvelle: l'association entre environnement négligé, crime et comportements antisociaux est connue depuis les années 1980, lit-on sur Nature.
«Nous sommes bien plus dépendants de notre environnement physique que ce que nous le croyons», explique sur Livescience Siegwart Lindenberg, co-auteur de l'étude. Le chercheur a déjà montré, dans d'autres études, que le désordre physique peut conduire les personnes à ignorer les normes sociales, et augmente les vols et les intrusions.
Tester la relation entre le désordre et les discriminations dans des situations de la vie commune n'est pas une tâche facile, explique l'autre auteur de l'étude, Diederik Stapel. Mais l'équipe a eu de la chance: les chercheurs ont pu profiter de la grève des nettoyeurs de la gare de Utrecht. «C'était vraiment chaotique, raconte-t-il. Il y avait des gobelets, des bouts de pizza rongée, des serviettes, des trognons de pomme qui trainaient sur le sol.» Le scénario parfait.
Les deux chercheurs ont demandé à 40 voyageurs blancs de remplir un sondage sur les musulmans, les homosexuels et les Néerlandais. Les voyageurs ont dû évaluer quel degré de précision ils attribuaient à des stéréotypes sur chaque groupe. Les chercheurs ont aussi demandé aux voyageurs de s'asseoir pendant qu'ils répondaient aux questions, en faisant attention à la distance à laquelle les sondés se plaçaient par rapport à un homme situé un peu plus loin. L'homme en question était soit blanc, soit noir.
Les chercheurs ont ensuite répété l'expérience une fois la grève terminée. Résultat: quand la gare est en désordre, les voyageurs se trouvent d'accord avec les stéréotypes avec 10% de plus de conviction. Ils s'asseyent aussi 25% plus loin de l'homme noir que de l'homme blanc.
Les stéréotypes sont bien plus simples que la réalité, et nous permettent de classer les personnes dans des catégories claires. Le stéréotype devient donc une façon pour lutter contre le chaos, une sorte de ménage mental face au désordre.
Photo: Scientific racism Irish, wikimedia.