Le Vatican et les hackers ont plus de points communs qu'on ne le croit. Le site Network World relaie en effet un article de la revue Civilta Cattolica, «dont le texte est relu pour approbation par la secrétairerie d’Etat du Vatican avant publication», où un père jésuite, Antonio Spadaro, «critique littéraire et expert en technologie», défendait mi-mars les hackers d’une façon «étonnamment charitable».
Un résumé de cet article écrit en italien a été posté en anglais sur Facebook:
«Une vision largement partagée considère les hackers comme des saboteurs, si ce n’est comme des délinquants numériques. Relier hacking et éthique peut donc paraître contradictoire. […] Sans comparer indûment les hackers et les communautés chrétiennes, cet article conclut que les deux ont aujourd’hui, dans un monde dévoué à la logique du profit, beaucoup à se donner mutuellement.»
Antonio Spadaro estime, toujours selon Network World, que la philosophie du hacking est «taquine mais engagée, encourage la créativité et le partage et s’oppose aux modèles de contrôle, de concurrence et de propriété privée». Il cite les propos de hackers chrétiens comme le californien Tom Pittman, qui a déclaré:
«En tant que chrétien, je ressens quelque chose que Dieu a dû ressentir quand Il a créé le monde.»
Dans son article, Spadaro fait notamment l’éloge de Wikipedia:
«On estime qu’il a fallu environ 100 millions d’heures de travail intellectuel pour créer la plus grande encyclopédie collaborative en ligne, ce qui est équivalent au temps que les citoyens américains passent à regarder de la publicité à la télévision en un seul week-end.»
Le théoricien reconnaît néanmoins l’existence de divergences entre l’organisation hiérarchique de l’église catholique et son concept de «vérité révélée» et la philosophie des hackers sur ces points. Des bémols qui ont paradoxalement déclenché une réplique de L’Osservatore Romano, le journal «semi-officiel» de la papauté, dont un journaliste, Luca Possati, a exprimé une vision «encore plus optimiste» des points communs entre les hackers et les chrétiens. Ce qui a déclenché une réponse aigre de Antonio Spadaro, qui a jugé cette façon de relancer le débat «incorrecte».
Photo: le Vatican. Bright Meadow via Flickr CC License by.