Les gens sont bizarres. C'est un fait. Pour utiliser les termes de la psychologue et écrivaine américaine Hannah Holmes, les autres sont tous «singuliers» à nos yeux. Nous vivons dans une société composée d'individus compliqués dont les personnalités sont très différentes les unes des autres et difficiles à comprendre, explique Hannah Holmes dans son dernier livre: Quirk: Brain Science Makes Sense of Your Peculiar Personality (Excentricité: La science du cerveau donne un sens à nos personnalités singulières).
En utilisant le modèle des cinq facteurs psychologiques (l'extraversion, le névrosisme ou neuroticisme, l'agréabilité, la conscience et l'ouverture), Holmes montre comment chacune de nos personnalités s'est développée avec ses particularités dans une interview au site My Daily (Ma Journée). Hannah Holmes a rapproché les recherches sur le comportement et l'activité de notre cerveau menées dans plusieurs laboratoires dans le monde et les attitudes «singulières» de ses amis, de sa famille et d'elle-même.
«Je me suis posée la question suivante: si les personnalités sont d'origine génétique, et elles le sont, alors tous les tempéraments autour de nous doivent être bons à quelque chose. Ils ont dû contribuer à aider notre espèce à progresser et à survivre. Mais à quoi une personnalité odieuse peut-être utile? Et j'ai compris alors la magie de la diversité.»
Ainsi, si vous avez un haut niveau de neuroticisme, vous êtes un «chien de garde». Votre cerveau repère rapidement les expressions de frustrations qui indiquent la possibilité d'un danger. Et vous n'observez pas de la même façon les comportements des membres de votre «groupe» et des «étrangers», ce que montre une étude récente de l'Université de Yale citée par le site Health News Digest. Ces observateurs sont complémentaire des extravertis qui se jettent dans la mêlée. Leur fonction est d'intervenir immédiatement dans une discussion, dans une activité… dans un combat.
Si votre personnalité est marquée par un haut niveau d'ouverture, votre fonction est de stimuler la créativité de l'espèce, de développer les connaissances en testant de nouvelles idées, de nouvelles approches.
Ceux qui sont plus orientés vers la conscience sont les moteurs de la société. Ils sont dans l'action et font que les choses sont faites. Ils transforment les idées et les projets en réalités concrètes. Enfin, les personnalités dont la dominante est l'agréabilité nous aident à gérer nos relations et à limiter les conflits. Leurs cerveaux sont naturellement altruistes ce qui leur permet plus facilement de se sacrifier pour le bien commun.
Nous avons bien évidemment tous en nous les cinq facteurs et ils se combinent avec plus ou moins de force. Vous pouvez à la fois être extraverti et avoir un haut niveau de conscience ce qui limite d'ailleurs votre impulsivité.
Ce qui a surpris Hannah Holmes est le lien entre l'évolution de l'espèce humaine et l'existence de certaines personnalités. Les personnes égoïstes et agressives sont ainsi très utiles pour la survie. Quand un danger menace, elles réagissent très vite sans trop se préoccuper des autres et ont ainsi des chances de rester en vie plus grandes. Ces personnalités ne sont pas chaleureuses, mais elles sont efficaces pour atteindre des objectifs sans trop s'embarrasser des moyens pour y parvenir.
La grande question est de savoir si nous pouvons changer de personnalité. C'est évidemment difficile. Mais la première des choses pour y parvenir est déjà de prendre conscience de nos comportements et de nous questionner en permanence sur les raisons pour lesquelles nous adoptons inconsciemment telle ou telle attitude.
Photo: Cerveau/Dierk Schaefer via Flickr License CC by