Rue89 sort les archives de Patrick Buisson, le conseiller de Nicolas Sarkozy, à qui l’on attribue une bonne partie du virage sécuritaire du président de la République. Le site s’est plongé dans les articles écrits pour le journal d’extrême-droite Minute par celui qui en fut directeur de la rédaction au milieu des années 1980, et est actuellement directeur du cabinet de sondages Publifact et patron de la chaîne de télé Histoire.
Conclusion:
«Patrick Buisson faisait partie de la droite dure, certes, mais avec un très grand contrôle de ce qu'il écrivait.»
Dans les extraits choisis, on le voit dialoguer avec Jean-Marie Le Pen ou Bruno Mégret, critiquer le «matraquage idéologique» qui a transformé une jeune chômeuse qui s’est suicidée en «zombie», pourfendre la «nomenklatura à la française» des fonctionnaires, l’impôt sur le revenu («à quoi ça sert?») ou la vision négative des quartiers de haute sécurité, brossée par des «enfants de la balle 9 mm» et prête à «servir d'alibi à l'abolition de la peine de mort».
Il y aligne aussi les surnoms satiriques sur les socialistes au pouvoir, qualifiant François Mitterrand de «madone des aéroports», Jacques Attali (actionnaire fondateur de Slate.fr) de «damné de la chère» ou Pierre Mauroy de «Rougeaud de Lille», en référence à Rouget de Lisle, le créateur de la Marseillaise.
«Conseiller en transgression»
Celui que L’Express surnommait, dans un portrait réalisé en septembre 2008, «le conseiller en transgression de Nicolas Sarkozy», ne fait pas partie officiellement de son cabinet, mais, avec le publicitaire Jean-Michel Goudard et le sondeur Pierre Giacometti, d’un groupe de proches qui décrypte l’opinion pour lui —ce qui lui vaut d’être au coeur de l’affaire des sondages de l’Elysée. Le magazine citait à l’époque le commentaire du chef de l’Etat quand il lui avait remis la Légion d’honneur, en septembre 2007:
«Un journaliste de conviction, ce qui est rare. Un journaliste de grande culture, ce qui est très rare. Et si les convictions de Patrick le portaient à droite, cela ne ferait qu'équilibrer ceux que leurs convictions portent ailleurs.»
En septembre dernier, Le Point citait lui un «théorème de Buisson» en vue de la prochaine présidentielle:
«La souffrance sociale que représente l'insécurité des plus vulnérables est devenue l'élément structurant du vote. [...] La gauche ne gagnera que si les catégories populaires s'abstiennent. Si elles vont voter, Sarkozy est réélu.»
Photo: Patrick Buisson lors d'une interview sur France 3 en 2008 (INA).