Après 22 ans d'autogestion reconnue par la loi, Christiania vient de perdre son indépendance face au gouvernement danois. La Cour suprême a retiré son statut de ville libre à cette enclave, fondée en 1971 par un groupe de hippie qui squattaient une base navale désaffectée, d'après le journal polonais Gazeta Wyborcza.
Située à quelques kilomètres de Copenhague, Christiania est rapidement devenue un symbole de la contre culture mondiale –et un lieu d'attraction pour de nombreux touristes. Un million de curieux du monde entier viennent chaque année se promener entre les maisons aux fresques bariolées et les lieux de création libre. Aujourd'hui, la communauté compte 900 occupants. Il est interdit d'y courir, d'y entrer en voiture et d'y porter un gilet pare-balle. Cette vidéo de WonderfulCopenhagen retrace son histoire:
La décision de la Cour suprême danoise intervient après sept ans de bataille juridique, rappelle le Copenhagen Post. Depuis 2004, le gouvernement de centre-droit entend nettoyer l'enclave tolérée de si longues années par ses prédécesseurs sociaux-démocrates. La cour a en effet refusé l'appel des habitants qui récusaient une décision de 2009 dans laquelle le gouvernement reprenait le contrôle des 35 hectares de Christiania.
Dorénavant, le gouvernement pourra réaliser ses plans de réhabilitation visant à détruire les bâtiments en mauvais état et souvent construits sans permis. D'après le réalisateur Nils Vest, qui vit à Christiania, les autorités ont justement fait leur possible pour que les bâtiments tombent en ruine, afin de récupérer le terrain. Les spéculateurs immobiliers pourront faire leur retour dans le quartier –ce que le réalisateur refuse d'envisager. Le but pour le gouvernement est d'évacuer les habitants petit à petit, car l'expulsion forcée ferait mauvaise impression.
Mais les habitants se disent prêts à résister face à l'envahisseur capitaliste. Selon le site de la radio NPR, le porte-parole de Christiania, Thomas Ertman, a déclaré que les habitants ne comptent pas s'en aller et veulent trouver un compromis avec le gouvernement:
«Le procès est terminé. Nous devons maintenant regarder vers l'avenir et négocier avec le gouvernement pour Christiania.»
Même les voisins du quartier regrettent la fin de l'indépendance de Christiania. Iben Kramp, qui s'y promène souvent, est dégoûté par la décision de la Cour Suprême:
«C'est terriblement triste. Christiania est une oasis dans ce monde moderne hyperactif. Nous avons cette chose si unique ici au Danemark, et nous ne devrions pas la tuer au nom de la normalité.»
Photo: The bucolic side of Christiania #1 / hern42 via Flickr CC License by