Dimanche 6 mars
[AFP; New York Times] La télévision d'Etat a affirmé que les miliciens avaient repris le contrôle de trois villes (Ras Lanouf, Tobrouk et Misrata) des mains des «bandes terroristes», mais les rebelles ont immédiatement nié. Selon eux, et des journalistes de l'AFP sur place, Ras Lanouf est pour l'instant toujours bien sous contrôle rebelle.
Ils comptent d'ailleurs en faire leur «ligne de défense» après avoir dû quitter la ville de Ben Jawad, reprise par les forces pro-Kadhafi.
Le New York Times a mis au point une carte interactive de l'avancée des combats en Libye:
[Journal du dimanche] Dans un entretien avec le JDD, Mouammar Kadhafi se présente à la fois comme le rempart contre le terrorisme d'Al-Qaida et une immigration illégale impossible à arrêter. Il «s'étonne vraiment que l’on ne comprenne pas qu’il s’agit ici d’un combat contre le terrorisme» et qu'on ne vienne pas lui prêter main forte, et assure que, sans lui:
«Il y aura un Djihad islamique en face de vous, en Méditerranée […] Les gens de Ben Laden viendront imposer des rançons sur terre, et sur mer. On reviendra au temps de Barberousse, des pirates, des Ottomans qui imposaient des rançons sur les bateaux. Ce sera vraiment une crise mondiale et une catastrophe pour tout le monde.»
Kadhafi demande que la France –qui a «de grands intérêts en Libye» et devrait «changer d'attitude à notre égard»– prenne la tête d'une commission d'enquête des Nations Unies ou de l'Union Africaine en Libye,
Le colonel affirme également qu'il n'y a aucune crise du régime, affirmant qu'il n'a «pas de pouvoir comme en avaient Ben Ali ou Hosni Moubarak» parce que «chez nous, le pouvoir est au peuple», et que le peuple ne réclame pas de justice sociale puisque «c'est le peuple qui décide»...
Avant de prévenir/menacer:
«Le régime ici, en Libye, va bien. Il est stable. Je veux bien me faire comprendre: si on menace, si on déstabilise, on ira à la confusion, à Ben Laden, à des groupuscules armés. Voilà ce qui va arriver. Vous aurez l’immigration, des milliers de gens qui iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura plus personne pour les arrêter.»
Samedi 5 mars
La milice de Kadhafi a lancé un deuxième assaut contre les insurgés qui tiennent la ville de Zaouïah ce samedi 5 mars, après qu'une premiere offensive au matin a échoué. Reuters a interviewé un habitant de la ville qui affirme:
«La bataille s'est intensifiée et les chars bombardent tout sur leur passage. Ils ont bombardé des maisons. Maintenant ils bombardent une mosquée où des centaines de personnes se cachent. On ne peut sauver personne parce qu'il y a trop de tirs.»
Au même moment, des rebelles dans l'est de la Libye essayent de se diriger vers la ville natale de Mouammar Kadhafi, Syrte, férocement gardée par les milices pro-gouvernementales.
Comme l'explique l'Associated Press, les deux camps s'opposent sans réellement réussir à gagner du terrain, dans un affrontement qui pourrait se transformer en guerre civile:
«Pour l'instant, Kadhafi n'a pas beaucoup réussi à regagner du terrain, avec toute la partie est du pays et des villes près de la capitale sous contrôle des rebelles. Mais les forces d'oppositions ont également eu du mal à avancer sur les régions pro-Kadhafi, menant à une impasse qui pourrait durer des semaines voire des mois, avec deux camps incapables de réunir asser de puissance militaire pour vaincre l'autre de façon décisive.»
La milice de Mouammar Kadhafi avait lancé une première offensive dans la ville de Zaouïah, contrôlée par les rebelles, au matin de ce samedi. Le New York Times avait alors pu parler au téléphone avec deux habitants qui parlent de «massacre» pour décrire cette attaque:
«Je regarde mes voisins non armés mourir devant leurs maisons» a dit l'un d'entre eux au journal, alors qu'on pouvait entendre dans le fond des bruits de coups de feu.
Trois heures après le début de l'offensive, un autre résident avait ajouté:
«Tout est en train de brûler. On ne sait pas par quel côté ils sont en train de nous tirer dessus, depuis les immeubles ou depuis la rue. Des gens tombent de tous les côtés.»
L'assaut a débuté à 6 heures du matin, et les troupes sont entrées avec des tanks d'après les habitants interviewés. La veille, le gouvernement du colonel Kadhafi avait promis d'amener un groupe de journalistes étrangers à Zaouïah, tout près de la capitale, pour leur montrer que la ville était à nouveau sous contrôle du gouvernement.
Les rebelles libyens assurent à Reuters avoir repoussé l'assaut sur la ville, comme l'affirme un porte-parole:
«Ils sont entrés dans Zaouïah à six heures ce matin avec des moyens importants, des centaines de soldats appuyés par des chars. Nos combattants ont riposté (...) Nous sommes sortis vainqueurs pour le moment et des civils sont en train de se réunir sur la place.»
Les insurgés affirment que les partisans de Mouammar Kadhafi se sont retirés du centre de la ville, théâtre de combats depuis plus d'une semaine entre les deux camps.
Photo: Mouammar Kadhafi. REUTERS / Vasily Fedosenko