Depuis plus de quinze jours, une bataille politique féroce a lieu dans le Wisconsin et oppose le gouverneur Scott Walter aux syndicats locaux. La source de cette discorde? Le projet de loi du gouverneur républicain visant à limiter les droits des syndicats.
Malgré l'ampleur des manifestations, Scott Walter se montre inflexible dans sa volonté d'imposer une loi visant à supprimer les conventions collectives qui permettent de négocier des augmentations de salaire. Soutenu par le Tea Party, le gouverneur du Wisconsin juge cette décision indispensable afin de combler le trou budgétaire de 137 millions de dollars de l'Etat.
Comme l'explique Libération, «l’affaire a pris une telle ampleur qu’elle s’est transformée en véritable test national pour les syndicats, avec en toile de fond le débat sur les réductions des dépenses publiques des Etats américains, pour la plupart lourdement endettés. Plusieurs autres gouverneurs républicains ont l’intention de suivre Walker, dans le New Jersey, en Floride ou dans l’Ohio».
Une bataille politique très suivie
Cette bataille politique est donc très observée puisque comme le rappelle Le Parisien, les syndicats sont «en perte d'influence et ne représentent plus que 12% de l'ensemble des salariés» tandis que les fonctionnaires d'Etat représentent la moitié des syndiqués.
Interviewé par Libération, Nachum
Sicherman, de la Columbia Business School explique que la «nouvelle
vague d’élus de droite qui sont entrés en fonction à la suite de la victoire
républicaine aux élections à mi-mandat en 2010 ont pris pour cible les
syndicats. Ce
qui se passe dans le Wisconsin est observé à la loupe. D’autant que les
syndicats sont en déclin dans le secteur privé aux Etats-Unis et
essaient de se maintenir grâce au secteur public». Le prix Nobel d'économie Paul Krugman a d'ailleurs pris la défense des syndicats en déclarant: «Qu'on les aime ou pas, en attaquant les syndicats, on menace l'un des
derniers "contrepouvoirs" face aux milliardaires et l'un des derniers
défenseurs de la classe moyenne.»
Le
conflit entre l'Etat et le gouverneur prend en tout cas des allures assez ubuesques
puisque pour bloquer le passage de la loi, quatorze sénateurs démocrates
du Wisconsin ont quitté l'Etat pour rejoindre l'Illinois. «La présence
d'au moins un sénateur démocrate est requise pour que les républicains,
majoritaires au Sénat du Wisconsin, puissent passer au vote. Les élus
démocrates entendent rester à l'extérieur de l'État jusqu'à ce qu'une
entente soit conclue», explique Cyberpresse. Le gouverneur a choisi d'employer la garde nationale afin de les retrouver, menaçant au
passage de «licencier 1.500 fonctionnaires» s'ils refusaient de revenir
siéger.
Photo: Un manifestant du Wisconsin occupant le congrès. REUTERS/Darren Hauck