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La vie sexuelle des dinosaures dévoilée

Temps de lecture : 4 min

Les paléontologues formulent des hypothèses de plus en plus précises sur le système de reproduction des dinosaures. Le magazine du Smithsonian Museum s'est ainsi intéressé à tout ce qu'il est possible de savoir sur les Triceratops —comment parvenaient-ils à s'accoupler sans s'embrocher sur la corne de leur conjoint?— ou le fameux Tyrannosaurus Rex —comment s'en sortait-il avec ses bras minuscules?— et leur sexualité.

Parmi les différentes espèces, le Stégosaure, dont le dos est composé de larges plaques aiguisées et la queue de redoutables piques, symbolisait le mystère qui entourait le sexe chez les dinosaures. En regardant deux membres de l'espèce côte à côte, il était bien difficile de définir les techniques d'accouplement qui auraient pu assurer la pérennité de ces mastodontes. Il semblait totalement impossible que le mâle puisse s'accoupler avec la femelle «par derrière» compte tenu de l'épineuse présence de la queue. Une technique différente où les dinosaures se roulaient «par terre pour se retrouver ventre contre ventre» et où «la femelle se tenait sur ses pattes arrières et le mâle reculait» paraissait envisageable. La plus probable et celle qui a fait son chemin verrait la femelle, allongée sur un côté, proposant au mâle son flanc sans risques.

Une théorie tombée en désuétude

Alors que les dinosaures se sont forcément reproduits, la question qui préoccupe les paléontologues depuis plus de cent ans est donc de savoir comment. Les scientifiques ne détenaient aucune preuve capable de les éclairer et ne pouvaient donc que se perdre en conjectures. En 1906, une étude conduite par Henry Fairfield Osborn, sobrement intitulée Tyrannosaurus rex, tentait de définir les contours de la copulation entre membres de cette espèce:

«Les mâles tyrannosaures s'aggripaient à leur partenaire grâce à leurs bras pendant l'accouplement.»

D'autres enquêtes de l'époque, menées sur différents dinosaures mais tout aussi imprécises, semblaient conférer le même rôle aux avant-bras —comme le pouce proéminent des Iguanodons. Mais ces idées sont aujourd'hui tombées en désuétude, et la question est restée entière: comment étudier la vie sexuelle d'animaux qui sont morts depuis des millions d'années?

La première raison qui a rendu difficile toute tentative de définition de l'activité sexuelle des dinosaures, c'est que personne n'a encore découvert leurs organes reproducteurs intacts. L'appareil n'est hélas formé que par des tissus dégradables. Il est donc impossible de savoir si les dinosaures avaient un pénis, mais les probabilités sont très basses.

En terme de mécanique, le meilleur moyen d'étudier le système de reproduction d'un animal est de s'intéresser à son cousin proche. Soit, dans le cas des dinosaures, les reptiles. Les dinosaures possèdent un ancêtre commun avec les alligators et les crocodiles, datant de 250 millions d'années. Quant aux oiseaux modernes, ils sont les descendants directs des dinosaures type Vélociraptor.

En décryptant leur structure anatomique, on constate que les organes reproducteurs sont similaires et pourraient se simplifier par le schéma: «insérer A dans la fente B». Il semblerait donc logique que les dinosaures soient dotés d'un cloaque, ouverture postérieur qui permet au mâle de déposer son sperme près des oeufs de la femelle.

De même, en s'intéressant à la sexualité des gros mammifères, il existe des moyens d'imaginer à quoi pouvait ressembler l'accouplement de deux dinosaures. Ceux qui s'accouplaient dans l'eau pouvaient ainsi effacer du même coup les problème de taille et de poids du conjoint.

Comment définir les deux sexes?

La théorie s'est compliquée quand en 1986, Robert Bakker observait dans son livre The Dinosaur Heresies:

«Les pratiques sexuelles embrassent non seulement l'acte de copulation mais tout ce qui se déroule avant, le rituel, la danse, l'affrontement, le choix du partenaire.»

Il y aurait donc des particularités qui varieraient selon les espèces.

Autre tentative jusque-là infructueuse, définir les deux sexes. Les paléontologues ont tenté de résoudre ce problème avec une approche comparative, les différences de taille et d'ornementation devant séparer le mâle de la femelle. Mais de manière assez frustrante, il n'y a pas assez de fossiles pour chaque espèce et pas assez de variations dans l'anatomie du squelette —somme toute assez grossière— qui permettraient de définir un sexe, ou de confirmer les théories selon lesquelles les femelles dinosaures avaient des plus grosse hanches pour pouvoir porter des oeufs, ou la taille des ornements des mâles était plus prononcée pour mieux séduire. Néanmoins, le travail de la paléontologue Mary Schweitzer a permis de prouver le sexe du dinosaure en partant de traces sécrétées dans les os juste avant la ponte.

Par ailleurs, plusieurs études sur les os ont conduit à des conclusions différentes. Attribuées au départ à des combats, les traces de coups reçus sur le squelette pourraient en fait provenir d'une parade nuptiale ou d'une tentative de séduction. Un modèle appliqué aux dinosaures à cornes comme le Triceratops et le Centrosaurus prouverait ainsi que l'acte sexuel contraignait ces bêtes à se blesser avec les cornes de leur partenaire.

Une découverte a aussi permis de cerner plus précisemment la manière dont les dinosaures pouvaient faire la cour. Ainsi, vingt espèces de dinosaures auraient porté des plumes permettant d'attirer le sexe opposé. Plus récemment, des paléo-biologistes sont parvenus à déterminer le sexe des ptérodactyles: grâce à des fossiles trouvés dans la province de Liaoning en Chine, ils ont pu déterminer que la crète était l'apanage des spécimens masculins.

Dans une émission intitulée Tyrannosaurus Sex, diffusée sur Discovery Channel, le 14 février 2010, des images de synthèse décrivaient les techniques de reproduction de certains dinosaures. Le réalisateur Gabriel Gornell justifiait ainsi le sujet abordé:

«Il y a eu beaucoup de découverte sur les modèles d'oeuf, de nid et de rituels des dinos mais rien sur le sexe. C'est un problème qui n'est que rarement soulevé. On va là où les films comme Jurassic Park ne sont pas allés.»

Photo: Tyrannosaurus Rex/Esparta via Flickr CC License by

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