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Le sport, c'est dangereux pour la santé des supporters

Temps de lecture : 2 min

Regarder un match de son équipe favorite peut tuer —surtout si elle perd. Ce sont les conclusions d'un médecin américain, relayée par le sérieux New Scientist. Elles rejoignent notamment plusieurs études conduites pendant les différentes Coupe du monde de football qui prouvent que certains matchs à enjeu peuvent être parfois néfastes pour la santé des spectateurs.

Quand les fans, au stade ou devant leur poste de télévision, accompagnent chaque action de jeu, cette expérience est si intense qu'ils ressentent une excitation qui peut à la fois accélérer le nombre de battements du coeur comme provoquer son arrêt définitif.

Robert Kloner, cardiologue à l'université de Californie du Sud, a analysé le nombre d'attaques cardiaques dans la région de Los Angeles durant deux Superbowls —finale du championnat de football américain. Un match datant de 1980 qui a vu les très populaires Los Angeles Rams perdre contre les Pittsburgh Steelers à Pasadena, et un autre, en 1984 pendant lequel les Los Angeles Raiders remportèrent le titre tant attendu face au Washington Redskins, en Floride.

«On peut invoquer beaucoup de facteurs qui augmentent les risques de mort par arrêt cardiaque —fumer, l'obèsité, le diabète. Mais il y aussi d'autres raisons dont on parle moins, des phénomènes de masse capables de provoquer la même fin tragique. Comme les tremblements de terre.»

Kloner et ses collègues, qui ont remarqué que les risques d'AVC étaient plus élevés pendant la défaite, notamment chez les hommes de plus de 65 ans, expliquent:

«Les fans développent un attachement émotionnel à leur équipe qui devient presque l'équivalent d'un membre de la famille. Pensez au stress des parents, la même chose arrive aux supporters les plus fervents.»

Kloner a entamé ses recherches après qu'une étude du New England Journal of Medecine a tenté de mettre en exergue les taux cardiaques inquiètants relevés pendant la Coupe du monde de football en Allemagne en 2006.

A cette époque, les chercheurs de l'université de Münich avaient conclu: encourager son équipe peut aggraver les risques d'arrêt cardiaque. Pour arriver à cette conclusion, ils ont consulté plus de 4.000 rapports médicaux rédigés lors de la compétition. Sur les 7 matchs joués par l'équipe nationale allemande, 6 ont donné lieu à une augmentation notable du nombre d'attaques cardiaques chez les supporters. Les risques étaient multipliés par 3 chez les hommes notamment pendant les matchs à enjeu —le quart de finale Allemagne-Argentine ou la 1/2 finale perdue contre l'Italie après prolongation.

L'étude donne ensuite deux conseils:

  • Les personnes au coeur fragile doivent s'abstenir au maximum de supporter leur équipe.
  • Les séances de tirs au but doivent être supprimées —elles sont beaucoup trop chargées en émotion.

Selon le Dr Fabrice Demonière, du Centre technique national du football à Clairefontaine:

«Le stress est reconnu comme un des principaux facteurs favorisant la survenue d'un infarctus. Mais c'est en 1996 que les Hollandais mettent en évidence, pour la première fois, une relation statistique forte entre le résultat d'un match et la mortalité cardiovasculaire.»

Son étude reprend notamment des interrogations du Guardian. Le quotidien britannique s'était penché sur la question en 2002, après la mort de deux jeunes supporters coréens, a priori «sains» au moment de l'égalisation coréenne face à l'Italie en huitième de finale de la Coupe du monde, avant une victoire historique.

«La relation est donc complexe, inconstante et exclusivement masculine. Les mécanismes physiopathologiques en cause ne sont pas totalement élucidés. Deux facteurs semblent pourtant se dégager: les matchs de haut niveau, le plus souvent à domicile, et la nécessité d'une forte adhésion de la population envers son équipe nationale.»

Dans la bouche des commentateurs sportifs, l'expression «un match à déconseiller aux supporters cardiaques», prend alors valeur d'avertissement.

Photo: Supachalasai Stadium, Bangkok / AsianFC via Flickr CC License by

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