Les responsables américains et israéliens ont largement commenté le virus Stuxnet, un ver informatique très complexe qui a porté un coup d’arrêt à l’effort iranien pour fabriquer la bombe nucléaire. Le New York Times se penche en détail dans un article de quatre pages rédigé par trois journalistes sur ce qu’il appelle «la cyber-arme la plus sophistiquée jamais utilisée», soulignant que si aucun officiel ne revendique officiellement l’attaque informatique, beaucoup «font de grands sourires» en parlant des effets qu’elle a eus.
Stuxnet est en effet aujourd’hui considéré comme un succès et comme bien plus sophistiqué que ce que pensaient les experts de la sécurité quand le ver a commencé à faire parler de lui. Il semblerait qu’une partie de son succès vienne du fait qu’Israël a mis en place, dans le cadre de son programme nucléaire, une série de centrifugeuses nucléaires identiques à celles utilisées en Iran, ce qui lui a permis de tester le ver avant de le relâcher.
Le ver rend les centrifugeuses nucléaires complètement hors de contrôle tout en les faisant rapporter des opérations normales pour que les travailleurs aient l’impression qu’il n’y a aucun problème. Un expert en sécurité a découvert que le ver a été conçu pour se déclencher spécifiquement quand il est confronté à un ensemble de processus qui n’existent que dans des centrales centrifugeuses, expliquant: «Les agresseurs ont fait très attention à ce que seules leurs cibles désignées soient touchées. C’est un boulot de tireur d’élite.»
Dans un article tout aussi long et fouillé que celui du New York Times, Newsweek raconte la guerre secrète pour entraver à tout prix les progrès du programme nucléaire iranien, et le mystère digne de la Guerre froide qui entoure certaines opérations. Si personne n’a revendiqué l’attaque informatique, ni les attentats qui ont récemment visé plusieurs scientifiques travaillant sur le programme nucléaire iranien, l’implication d’Israël ne fait plus grand doute pour de nombreux observateurs avisés. Mais d'autres estiment que le fait qu'Israël semble content qu'on lui attribue la paternité du ver informatique –le pays n'a pas officiellement revendiqué l'attaque, mais ne fait rien pour s'en dissocier– est un élément qui devrait inciter à la prudence. «Rarement une guerre secrète n’a été aussi flagrante, et rarement les faits sous-jacents ont été aussi opaques» écrivent les journalistes de Newsweek.
Image: Capture Google Maps de la centrale nucléaire de Bushehr