Le fumeur est une espèce en voie de disparition, et ce sont les financiers qui le disent. Une étude de la banque américaine Citigroup, citée par de nombreux quotidiens britanniques dont le Telegraph, évoque en effet l’extinction de la cigarette d’ici quarante ans dans de nombreux pays:
«Le pourcentage de fumeurs décline actuellement dans les pays développés, et les baisses sont plus ou moins continuelles sur la plupart des marchés. Si ces tendances se poursuivent, la plupart des marchés du tabac seront égaux à zéro en 2050.»
La banque évoque deux autres scénarios possibles, cités dans le Guardian:
«Dans le scénario B, au fur et à mesure, de moins en moins de gens arrêtent de fumer et on approche d’un “noyau dur” de fumeurs. Dans le scénario C, la tabagie est jugée de plus en plus inacceptable et devient donc plus facile à réguler: au final, elle pourrait même finir par être interdite.»
A moins long terme, Citigroup a décidé d’abaisser sa recommandation sur l’activité des principaux cigarettiers britanniques, Imperial Tobacco (marques Gitanes, Fortuna...) et British American Tobacco (marques Dunhill, Lucky Strike...): la banque conseille désormais à ses clients de ne plus acheter de nouvelles actions de ces groupes, mais néanmoins de conserver pour l’instant celles qu’ils détiennent.
En France, où l’on compte environ 14 millions de fumeurs, on célèbre ce lundi 10 janvier 2011 les vingt ans de la loi Evin. Celle-ci a contribué à une baisse du tabagisme indéniable sur le long terme, mais pas continue. Selon l’Associated Press, «les ventes de cigarettes ont progressé de 2,6% en 2009 par rapport à 2008» et «entre 2005 et 2010, la part des fumeurs quotidiens chez les 15-75 ans a progressé de deux points, leur pourcentage passant de 26,9% à 28,7%».
Interrogé par l’agence, le professeur Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), déplore qu’en matière de lutte anti-tabac «tous les arbitrages [soient] pris en faveur du ministère du Budget contre le ministère de la Santé, avec l'aval de l'Elysée»:
«Avec le deuxième plan cancer, l'augmentation du prix du tabac a été calculée uniquement pour augmenter les profits de l'industrie et augmenter de 500 millions d'euros les taxes de l'Etat sans diminuer le nombre de fumeurs.»
Photo: un panneau «interdiction de fumer» (mustafanafees via Flickr CC License by)