Largement renfloué par le règlement de son litige sur la vente d’Adidas au Crédit Lyonnais, Bernard Tapie ne cède néanmoins pas un pouce de terrain à ses créanciers, si l’on en croit Libération. Le quotidien relate en effet comment l’homme d’affaires aurait éconduit un huissier venu lui réclamer 12.500 euros de dommages et intérêts qu’il devait à l’agence Capa, avant de céder quelques jours plus tard.
A l’origine de l'affaire, des propos tenus par Tapie dans les médias fin 2008 à propos du programme Les Infiltrés («Toute cette bande de chez Capa sont des escrocs! Huit fois sur dix, ils bidonnent»), qui ont conduit à une condamnation pour diffamation. Capa a donc envoyé la semaine dernière un huissier rue des Saints-Pères, à l’hôtel particulier de Bernard Tapie, en vain selon l’agence: «l’intéressé, rencontré dans la cour de l’immeuble, refuse le pli et poursuit son chemin en refermant la porte derrière lui». Il aurait fallu une intervention de Capa auprès de la Banque de France pour que la banque Lazard verse finalement mardi 18.000 euros, honoraires d’huissier inclus. «Merci petit Jésus», conclut Libération après ce «miracle de la Nativité».
Les temps sont en effet difficiles pour Bernard Tapie: selon le magazine Capital, un gang de cambrioleurs s’est récemment introduit dans son hôtel particulier «avant de repartir avec l’argenterie rangée au rez-de-chaussée», évaluée par son fils à «au plus [...] une dizaine de milliers d’euros». Au-delà de l’anecdote, le magazine économique s’intéresse aux projets de l’homme d’affaires, qui devrait au final garder 30 à 40 millions d’euros de la somme obtenue pour l’affaire du Lyonnais, après avoir réglé ses créanciers. «Avec de la dette, Tapie pourrait lever 500 millions d’euros. Et ça doit bien le titiller», explique un banquier.
S’il a refusé beaucoup de dossiers pour l’instant (des investissements dans des clubs de football ou au capital d’Air France, notamment), il a misé sur internet avec son fils. Et jette encore un oeil à la politique: s’il n’était pas présent à l’université d’été du PRG, où il était invité, il a récemment participé à un dîner avec son ami Jean-Louis Borloo, qu’il a qualifié dans Le Parisien de «catalyseur [d’]énergies». En ce qui concerne le PS, il a critiqué la candidature Royal mais s’est montré prudent sur le tandem Aubry/Strauss-Kahn, les qualifiant respectivement de «candidate naturelle» et «candidat des sondages».
Photo: Bernard Tapie, le 10 septembre 2008, lors d'une audition à l'Assemblée Nationale. REUTERS/Benoît Tessier.