Aux Etats-Unis, de plus en plus de policiers sont pris en flagrant délit de consommation de stéroïdes, comme l'ont révélé de récents démantèlements de trafics d'hormones synthétiques. À la manière des sportifs, les syndicats de police appellent à la reprise des tests de dépistage pour enrayer la banalisation inquiètante de cette drogue. Interrogé par AOL News, Lawrence Payne, porte-parole de la Drug Enforcement Administration, le service de police fédéral dédié à la lutte contre le trafic de drogue, a expliqué:
«C'est un gros problème et vu le nombre de cas, c'est quelque chose que nous ne pouvons plus ignorer. Nous ne cherchons pas à jeter le discrédit sur la profession, mais nous sommes au milieu d'une enquête sur les stéroïdes et plusieurs cas nous ont mené à des officiers de police»
Aux Etats-Unis, les stéroïdes ont été classés dans la liste «Schedule III» des substances contrôlées. La possession d'une de ces substances sans ordonnance adéquate est un crime fédéral qui peut être puni d'un an de prison, voire dix ans en cas de distribution ou de revente. Les derniers cas d'enquêtes mettent en cause des officiers de police :
- Un agent dans l'Oregon aurait reçu des steroïdes dans l'exercice de ses fonctions en février dernier.
- Un agent dans l'Indiana a plaidé coupable de vente de stéroïdes en mars dernier.
- Un agent à Cleveland a été condamné à un an de prison pour achat illégal.
- Un dealer du Michigan a déclaré avoir fourni des stéroïdes à «plusieurs officiers» entraînant la démission d'un agent.
- En Angleterre, un ancien policier a été condamné pour avoir fourni des stéroïdes à des collègues.
Ce dossier a été relancé par les révélations du Newark Star Ledger au sujet de Josep Colao. Ce médecin de Jersey City aurait fourni jusqu'à sa mort en 2007 de fausses prescriptions de stéroïdes à 248 policiers et pompiers.
Pour Larry Gaines, responsable du département de droit criminel à l'université de l'Etat de Californie et auteur dans les années 90 de la première véritable étude concernant l'utilisation de stéroïdes chez les forces de l'ordre, cette utilisation coïncide avec un changement récent de culture dans la profession, qui donne plus d'importance à la condition physique.
Victor Conte, fondateur du Labo Bay Area qui, avant d'être fermé, fournissait des substances illicites à différents sportifs, confirme qu'il ne serait pas surpris si un quart des effectifs de la police utilisait ce genre de drogues. Il estime que les effets psychologiques des stéroïdes –sautes d'humeurs ou aggressivité–, comme les effets physiologiques (problèmes de foie, de dépression et de tension), dépendent de la façon dont la drogue est consommée:
«Je pense que, dans l'ensemble, c'est un peu comme l'alcool. Si vous êtes un con quand vous êtes sobres, vous le serez encore un peu plus après en avoir utilisé»
Photo: Uniform Hats / Andrew Bardwell Flickr CC License by