Il ne pourra pas faire partie du jury du Festival de Berlin, qui l'avait invité début décembre. Jafar Panahi, réalisateur iranien, a été condamné à six ans de prison et à vingt ans d'interdiction de réaliser des films et de sortir de son pays, rapporte The Guardian. D'après l'avocat du réalisateur, le jugement est tombé samedi et lui interdit également d'écrire des scénarios, de donner des interviews aux médias et de participer à des activités politiques.
Le réalisateur avait pris part au mouvement de contestation contre l'élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Soupçonné de préparer un film sur les abus du régime durant la «révolution verte», Jafar Panahi s'était fait arrêter en mars 2010 pour la deuxième fois depuis le début des protestations, d'après le L.A. Times et Radio Zamaneh. Un autre réalisateur iranien qui collaborait au film, Mohammad Rasoulof, s'est aussi vu condamner à six ans de prison samedi.
Récompensés par de nombreux prix en Europe, les films de Jafar Panahi se sont tous vus interdits à la diffusion en Iran. Il avait reçu la caméra d'or à Cannes en 1995 pour Le Ballon Blanc, le Lion d'or à Venise en 2000 pour Le Cercle et l'Ours d'argent en 2006 pour Hors jeu.
Au mois de mai, Tim Burton invitait Jafar Panahi à participer au jury du Festival de Cannes, en signe de solidarité avec le réalisateur emprisonné. Juliette Binoche y avait lu une lettre ouverte d'Abbas Kiarostami pour sa libération, et de nombreux réalisateurs avaient tenu symboliquement un écriteau avec le nom de leur confrère iranien afin de protester contre sa détention.
Des professionnels du cinéma (dont la Cinémathèque française et le festival de Cannes) appellent dans une pétition à lever sa condamnation.
Photo: Panahi en el Paseo de los Tristes, Cines del Sur via Flickr CC License by