Depuis les attaques du 11 septembre 2001 contre New York et Washington, beaucoup de choses ont changé dans la démocratie américaine et notamment la surveillance menée à l'intérieur du pays pour empêcher de nouveaux attentats. Le Washington Post vient de publier une grande enquête intitulée Monitoring America sur la façon dont sont surveillés étroitement les citoyens américains et les résidents étrangers.
L'enquête menée pendant des mois est construite sur plus de 1.000 documents et près d'une centaine d'interviews. Elle décrit un réseau secret et inimaginable de 4.058 organisations fédérales, des Etats et locales qui toutes ont à des degrés divers des responsabilités dans la lutte contre le terrorisme. Au moins 935 de ces organisations ont été créées depuis le 11 septembre 2001 ou sont devenues depuis cette date impliquées dans le contre-terrorisme. Personne ne peut réellement mesurer le coût de fonctionnement de cette immense organisation
«Neuf ans après les attaques terroristes de 2001, les Etats-Unis ont assemblé un vaste appareil de renseignement intérieur pour collecter des informations sur les Américains, utilisant le FBI (police fédérale), les polices locales, les bureaux du Département de la sécurité intérieure (Homeland Security) et des enquêteurs criminels de l'armée», écrit le Washington Post.
«Ce système est de loin le plus important et technologiquement le plus sophistiqué de l'histoire de la nation américaine: collectant, archivant et analysant des informations sur des milliers de citoyens et résidents américains qui pour la plupart n'ont pas été accusé de quoi que ce soit. L'objectif du gouvernement est que toutes les agences de maintien de l'ordre locales et dans les Etats nourrissent Washington en informations pour… le travail du FBI qui mène les enquêtes contre le terrorisme aux Etats-Unis», ajoute le quotidien.
L'enquête du Washington Post est parvenue à plusieurs conclusions dérangeantes.
D'abord, le fait que des technologies et des techniques utilisées sur le champ de bataille en Irak et en Afghanistan sont aujourd'hui entre les mains de forces de police américaines.
Ensuite, le FBI a construit une base de données baptisé Guardian (le gardien) contenant des milliers de noms de citoyens américains et de résidents dont le comportement a éveillé les soupçons et y a injecté de nombreuses informations personnelles sur les personnes ayant attiré l'attention. Cette base de données est accessible à un nombre grandissant de forces de l'ordre et d'enquêteurs ce qui fait craindre que bon nombre d'informations finissent dans le domaine public. Cette base contenait au début du mois de décembre 161.948 rapports d'activités suspicieuses. Mais seulement 103 rapports ont conduit à des enquêtes approfondies et cinq personnes ont finalement été arrêtées…
Photo: Centre d'entraînement d'al-Qaida / Reuters