Trois jours après le début de la polémique, François Fillon a voulu rétablir son autorité sur le gouvernement. Il a affirmé, lundi 13 décembre, lors d'une réunion à huis clos des préfets, que les policiers condamnés à Bobigny avaient commis des «faits injustifiables», rappelant que «l'honneur de la police» exigeait «un comportement exemplaire».
Le message était adressé à la fois aux policiers, aux magistrats et au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux qui a pris fait et cause pour les premiers et dénoncé les juges. Vendredi 10 décembre, sept policiers de Seine-Saint-Denis ont été condamnés à des peines de 6 mois à 1 an de prison ferme pour «dénonciation calomnieuse» et «faux en écriture» après avoir faussement accusé un automobiliste d'avoir renversé l'un d'eux lors d'une course poursuite, alors que ce dernier avait été percuté par une voiture de police.
Ce jugement, pour lequel le parquet a fait appel, a provoqué la colère de policiers. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, avait dénoncé vendredi une peine «disproportionnée». Dimanche, il avait persisté dans ces propos: «je les confirme, je les revendique et je les assume», avait-il déclaré sur France Inter.
Le ministre de la Justice Michel Mercier avait défendu le travail des magistrats estimant dans un entretien au Parisien, dimanche, «qu'à Bobigny, la justice a fonctionné». «Passé l'émotion, je ne puis admettre que magistrats et policiers donnent le sentiment de se dresser les uns contre les autres», a déclaré François Fillon. «Le respect dû à la justice est un des fondements de l’Etat, la justice ayant elle-même le devoir d’assurer la cohérence de la chaîne pénale tout entière», a insisté François Fillon
«Qui profite de cet affaiblissement de l'Etat? Certainement pas les magistrats, certainement pas les policiers et encore moins les citoyens; les seuls bénéficiaires sont les criminels et les délinquants!», a conclu François Fillon.
Ce n'est pas la première fois que Fillon s'oppose à Hortefeux dans une affaire liée à la justice: en septembre, le ministre de l'Intérieur donnait un long entretien au Figaro Magazine où il désavouait les magistrats et proposait carrément des réformes de la justice. Le premier ministre avait alors téléphoné à Brice Hortefeux pour lui dire qu'il ne voulait pas de ces changements proposés par le ministre de l'Intérieur.
Photo: Brice Hortefeux / REUTERS