Alors que la polémique règne sur l'attitude du PS vis-à-vis des élections en Côte d'Ivoire, le dirigeant socialiste français le plus «gradé» dans les institutions internationales, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, s'est montré à la fois prudent et ferme sur la question, samedi 4 décembre, lors d'une intervention à Bruxelles:
«Je n'ai pas qualité pour prendre parti sur la situation interne de la Côte d'Ivoire. Ce qui est sûr, c'est que la pratique du FMI, c'est que nous travaillons avec les gouvernements reconnus, c'est-à-dire reconnus par l'Onu»
Comme le précise l'AFP, cela signifie que, «en d'autres termes, le FMI refusera de travailler avec le président sortant», dont la réélection annoncée par le Conseil constitutionnel est très fortement contestée. La Commission électorale indépendante a en effet annoncé l'élection de son adversaire, Alassane Ouattara (lui même ancien directeur général adjoint du FMI dans les années 90), jugée «incontestable» par Nicolas Sarkozy. Laurent Gbagbo devait néanmoins être réinvesti dans la journée de samedi.
Interviewé en 2004 par Le Parisien sur la situation en Côte-d'Ivoire, Dominique Strauss-Kahn s'était alors dit «évidemment indigné par ce qui se passe [...]: les morts, les viols, les spoliations et, d'une façon générale, le contexte de xénophobie». «Tout cela est à l'opposé des idéaux socialistes», ajoutait-il. «J'ignore quelle est la responsabilité exacte de Laurent Gbagbo, mais elle ne peut être anodine».
Interrogé en janvier 2010 par l'hebdomadaire Jeune Afrique, Laurent Gbagbo s'était lui félicité d'avoir pu discuter à Abidjan avec Dominique Strauss-Kahn (dont il avait soutenu la candidature à la tête du FMI), qu'il avait cité parmi les «personnalités socialistes françaises» ayant eu «la lucidité de venir ici pour comprendre ce qui s’est passé». Deux dirigeants socialistes proches du patron du FMI, Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Marie Le Guen, ont rencontré Laurent Gbagbo avant les élections de novembre, ce qui a provoqué des remous au PS.
Photo: Dominique Strauss-Kahn et Laurent Gbagbo en février 2008 au Burkina Faso. REUTERS/International Monetary Fund/Stephen Jaffe.