121 et 140: cités par le blog footballistique A More Splendid Life, ces chiffres sont ceux des classements du Qatar et de la Russie, choisis vendredi pour organiser les Coupes du monde 2022 et 2018, en termes de liberté de la presse (un classement établi par Reporters sans frontières). «C’est un triste jour pour la liberté de la presse et la Fifa», explique le blog, selon qui «Vladimir Poutine aurait déjà tué plusieurs journalistes britanniques s’ils l’avaient soumis au même type de questionnement quotidien qu’ils infligent aux députés». Avant d’ajouter:
«La Fifa a envoyé un message surprenant de bienvenue aux nations qui méprisent le quatrième pouvoir. [...] Et si vous croyez en l’argument selon lequel une Coupe du monde peut constituer un aiguillon pour la liberté d’information dans les deux pays hôtes, la collusion de la Fifa, par exemple, avec le gouvernement du général Videla, qui avait organisé sans accroc la Coupe du monde 1978 en faisant notamment “disparaître” des dissidents marxistes supposés, sans s’inquiéter de la liberté de la presse grâce à une forte censure d’Etat, devrait lever vos doutes.»
Si l’on s’intéresse à un autre indicateur de développement, celui de la corruption établi par l’ONG Transparency International (qui s’inquiétait récemment du processus de décision de la Fifa), les résultats divergent beaucoup plus nettement. La Russie figure en effet parmi les pays les plus corrompus (154e) tandis que le Qatar est bien classé (19e), six places devant la France et devant les autres pays du Moyen-Orient.
Un troisième indicateur, celui de développement humain établi par l’ONU, qui mélange espérance de vie, niveau d’éducation et niveau de vie, donne également des résultats contrastés: le Qatar s’y classe 38e et la Russie 65e.
Mais il y a au moins un classement où la Russie se classe à coup sûr, pour l’instant, devant le Qatar, celui des meilleures équipes du monde établi par la Fifa: l’organisateur du Mondial 2018 est actuellement 13e, pile cent places devant celui du Mondial 2022. La Russie s’est déjà qualifiée pour deux Coupes du monde (plus sept pour l’URSS) alors que le Qatar n’a jamais obtenu son billet. Depuis l’après-guerre, seul le Japon, qui s’était vu attribuer l’organisation du Mondial 2002 en 1996, juste avant de se qualifier sur le terrain pour le Mondial 1998, s’est trouvé dans une telle situation.
Photo: l'émir du Qatar Hamad ibn Khalifa al-Thani, le président de la Fifa Sepp Blatter et le vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov. REUTERS/Christian Hartmann.