George W. Bush a beau «rejeter fermement le mot torture», il ne s’agirait que d’une question de sémantique, si on en croit ses mémoires. Dans son livre Decision Points, à paraître le 9 novembre aux Etats-Unis, l’ancien président se confie sur la décision d’utiliser la technique d'interrogatoire du «waterboarding», une méthode d'interrogatoire qui simule la noyade, sur Khalid Sheik Mohammed, un des cerveaux des attentats du 11-Septembre. Il affirme qu’il était non seulement au courant, mais qu’il soutenait fortement cette décision. Quand la CIA lui a demandé si la technique, qui est désormais illégale, devait être utilisée sur Khalid Sheik Mohammed, qui était soupçonné d’avoir des informations sur des attentats terroristes imminents, Bush a répondu «Oh que oui» [«Damn right»].
En avril dernier, le New York Times rapportait que les agents de la CIA ont utilisé le «waterboarding» à 266 reprises sur deux militants présumés d'al-Qaida, dont 183 fois sur Mohammed.
En juillet 2008, l'écrivain et journaliste Christopher Hitchens (contributeur de Slate.com) avait accepté de se soumettre à une session de «waterboarding» pour pouvoir s'exprimer en connaissance de cause sur ce sujet. Il en avait conclu:
«Cela m'agace maintenant de lire dans la presse ou d'entendre le congrès dire que le waterboarding simule la sensation de noyade. Le waterboarding ne simule pas la noyade, vous êtes lentement noyé. C'est une impression à la fois d'étouffement et de noyade.»
Malgré le fait que le gouvernement et le département de la Justice actuels aient pris des mesures pour classer le waterboarding comme de la torture, Bush ajoute que s’il avait le même choix à faire aujourd’hui, il reprendrait la même décision.
Si Obama a promis de ne pas poursuivre des responsables de l’administration Bush pour le waterboarding, des responsables d’associations de défense des droits de l’homme et des experts en droit affirment que cet aveu pourrait en théorie exposer l’ancien président à des poursuites judiciaires, même s’il y a peu de chances que cela arrive. Le professeur de droit de l’université de Georgetown David Cole estime dans les colonnes du Washington Post:
«Le fait qu’il l’ait admis semble indiquer qu’il croit avoir une immunité politique l’empêchant d’être tenu responsable. Mais la politique peut changer.»
Photo: REUTERS/Kevin Lamarque. Un manifestant devant le Département de la Justice, à Washington, après une simulation de waterboarding, novembre 2007