La ville de San Francisco a voté l'interdiction des Happy Meals de McDonald dans leur forme actuelle, faisant de la ville californienne la première grosse métropole des Etats-Unis à interdir à des restaurants d'offrir des jouets gratuits avec des repas qui contiennent trop de calories, de sucre et de graisse, rapporte le Los Angeles Times.
A partir de décembre 2011, les restaurants pourront inclure un jouet dans un repas si celui-ci contient moins de 600 calories, dont moins de 35% de lipides. L'injonction exige également des restaurants qu'ils fournissent des fruits et des légumes dans tous les repas pour enfants qui sont accompagnés de jouets. Le soutien principal de la décision a déclaré que la ville faisait désormais partie «d'un mouvement qui fait avancer la justice alimentaire»:
«De San Francisco à New York, l'épidémie d'obésité infantile de ce pays rend nos enfants malades, en particulier ceux qui viennent de quartiers pauvres, à un rythme alarmant. C'est un problème de survie et un problème quotidien.»
La porte-parole de McDonald s'est dite «extrêmement déçue», affirmant que «ce n'est pas quelque chose que nos clients veulent, ni quelque chose qu'ils ont demandé».
Ce qui n’est pour l’instant qu’un débat local pourrait prendre une envergure nationale, à la faveur de la réforme du système de santé américain, la catégorisation des menus devenant en 2014 régie par la loi fédérale. Ce débat ravive l’éternelle opposition entre les partisans d’une intervention de l’État dans le domaine et les adeptes d'un choix individuel. Les premiers peuvent en tout cas compter sur le soutien de Michelle Obama, qui lançait en février une campagne de lutte contre l’obésité infantile.
En juin dernier, CSPI, une association de lutte contre la mauvaise nutrition, menaçait déjà de poursuivre McDonald’s pour son utilisation abusive de jouets. Son directeur exécutif, Michael Jacobson, déclarait alors:
«Ces entreprises sont parfaitement conscientes qu’il ne sert à rien de viser les enfants avec de la publicité pour leur nourriture. Ce qui les intéresse, c’est le jouet qui va avec.»
Le PDG de la firme avait tenu à répondre sur le site internet de McDonald’s:
«Les Américains ne vous soutiennent pas. Les sites web, les blogs et les sondages prouvent que l’opinion est massivement contre votre action [...]. Les parents, notamment, sont convaincus qu’eux seuls détiennent le droit et la responsabilité de décider ce qui est approprié pour leurs enfants. Ce n’est pas à vous de le faire. C’est aussi simple que cela.»
Le site USA Today rappelait en août, alors que la mesure était discutée à San Francisco, que les «Happy Meals» et autres menus pour enfants ont représenté en 2009 un marché de 5,5 milliards de dollars (4,29 milliards d’euros). Loin d’être anodin, même pour une industrie approchant les 180 milliards de dollars (140,6 milliards d’euros) de chiffre d’affaires, selon les mesures du NPD Group.
Photo: A happy Happy Meal / Cosmic Kitty via Flickr CC License by