Aaron Gouveia et sa femme attendaient un enfant. Mais les docteurs ont découvert que le bébé était atteint de sirénomélie, une maladie qui ne touche qu'une grossesse sur 100.000 (les membres inférieurs sont fusionnés, ce qui fait penser à une sirène), et qu'il n'avait pas non plus de reins, ce qui réduisait à néant ses espérances de survie. Le couple a donc pris la décision «inimaginable mais nécessaire» d'interrompre la grossesse à 16 semaines.
Aaron raconte son expérience sur le site The Good Men Project Magazine. Le jour de l'avortement, il n'a pas eu le droit de suivre sa femme dans la salle d'opération, il est donc resté à l'extérieur de la clinique. Il remarque deux femmes, qui agitent «des photos de foetus démembrés afin de rendre la blessure [de sa femme] encore plus profonde». Furieux, il va à leur rencontre, armé de la caméra de son téléphone portable. Il veut «rendre publique la lâcheté de ces femmes».
Face à la virulence des reproches de Gouveia, une des deux femmes fuit. Elle revient un peu plus tard à l'assaut, menaçant d'appeler la police, sous prétexte qu'il enregistre la conversation avec son téléphone. Pour Aaron, «l'ironie est mordante. Elle voulait appeler la police parce que j'exprimais pacifiquement mon opinion sur un trottoir –donc public– et que j'exerçais mon droit [à la liberté d'expression] du Premier Amendement, tout comme elle. Mais je ne suis pas du côté de Dieu, n'est-ce pas.»
«Vous êtes une légende absolue», «les gens comme vous me redonnent confiance en l'humanité»... Sur le site de The Good Men Project Magazine, les commentaires affluent pour soutenir l'initiative d'Aaron. Certains posts sont écrits par des personnes contre l'avortement: après avoir lu le récit d'Aaron, ils ont décidé de prendre du recul sur leurs positions. Aaron est un peu étonné par le succès de son histoire: sur son compte twitter, il avoue être «un peu effrayé de voir que son récit est [repris partout]». Mais il est «heureux que cela touche les gens».
Il encourage ses lecteurs:
«Si vous le pouvez, confrontez les harcèlements [des pro-vie] par des moyens pacifiques. Parlez! Et si vous avez une caméra, utilisez-la!»
Photo: Abortion kills children, sending 'em straight to heaven. Support abortion!, par Mlinksva sur Flickr.com, License by