Bill Clinton a-t-il perdu les codes nucléaires des Etats-Unis lorsqu'il était président? C'est ce qu'affirme celui qui a présidé son comité des chefs d'États-majors interarmées (Joint Chiefs of Staff), dans ses mémoires qui viennent de sortir aux Etats-Unis.
Le Général Hugh Shelton écrit ainsi dans Without Hesitation: The Odyssey of an American Warrior («Sans hésitation: l'odyssée d'un guerrier américain»):
«A un moment pendant l'administration Clinton, les codes ont été perdus pendant des mois [...] C'est une grosse affaire –une affaire gargantuesque.»
Un lieutenant-colonel des forces aériennes américaines avait déjà raconté une anecdote très proche de celle-ci dans ses propres mémoires, publiés en 2003. Il y racontait avoir demandé à Bill Clinton la carte contenant les codes –surnommée «le biscuit»– pour pouvoir l'échanger contre une version actualisée:
«Il pensait l'avoir juste mise à l'étage du dessus. On a appelé l'étage du dessus, on a commencé à chercher les codes partout dans la Maison Blanche, et il a finalement confessé qu'il l'avait en fait égarée. Il ne se rappelait pas la dernière fois qu'il l'avait vue.»
Dans la version du lieutenant-colonel, le Président perdait le biscuit le lendemain de l'affaire Monica Lewinsky, en 98, tandis que d'après le Général Shelton, la gaffe s'est déroulée en 2000.
ABC News rappelle la rumeur qui dit que Jimmy Carter avait laissé son biscuit dans un costume envoyé au pressing... Une histoire jamais confirmée, ni infirmée.
Heureusement, explique la conseillère sur la sécurité nationale de George W. Bush Fran Townsend, il ne suffit pas de tomber sur le biscuit pour pouvoir lancer une attaque nucléaire. Les codes ne sont qu'une partie du protocole, l'autre étant composée de «la balle de foot», le surnom donné à la petite mallette noire qui contient le système où il faut entrer les codes du biscuit pour déclencher une attaque (on notera au passage que les surnoms n'aident pas à mesurer la gravité de la situation...).
Même si être en possession du seul biscuit n'aurait mené à rien, la perte n'en est pas moins criticable:
«Je ne peux pas imaginer une brèche de sécurité plus sérieuse, si quelque chose comme ça était perdu ou compromis. C'est la commande, et la capacité de contrôle du président pour lancer une attaque nucléaire.»
Photo: Bill Clinton lors d'un rally pour sa femme pendant la campagne présidentielle de 2008 / Chris Denbow via Flickr CC License By