Monde

Une vasectomie pour les drogués contre 229 euros

Temps de lecture : 2 min

Subir une vasectomie en échange de 200£ (229 euros), c'est ce qu'a décidé de faire John. Une première en Grande-Bretagne.

Juste après son opération, l'homme de 38 ans, qui se drogue depuis ses onze ans et dont l'identité reste inconnue, a expliqué la raison de son geste à la BBC: «je ne me sentais pas capable d'avoir un enfant. Je ne sais déjà pas m'occuper de moi-même». L'idée de se faire stériliser lui trottait dans la tête depuis un moment, mais c'est Project Prevention qui, sous la promesse de 229 euros, l'a motivé à aller jusqu'au bout.

Project Prevention est une association qui a été fondée en 1997, par Barbara Harris. Mère adoptive de quatre enfants de la même mère toxicomane, cette femme a pris mesure des conséquences de la drogue sur les grossesses. Elle raconte au Guardian l'enfer qu'a vécu son deuxième fils adoptif, Isaiah:

«Il ne supportait pas la lumière ou le bruit, son nez le rendait fou, il ne mangeait pas et il ne pouvait pas dormir plus de 15 minutes d'affilée. (...) J'étais en colère contre sa mère. Puis ma rage a petit à petit fait place à une question: comment a-t-on pu lui laisser faire ça?»

C'est à ce moment-là que Barbara Harris a décidé de créer Project Prevention. L'objectif de cette association? Empêcher les drogués ou alcooliques d'avoir des enfants en leur proposant de se faire stériliser. «J'ai pensé, bon tout le monde aime l'argent, alors pourquoi ne pas proposer de l'argent en échange de cette contraception?», se souvient-t-elle.

Contre l'équivalent de 229 euros, plus de 3.500 personnes dont 20 hommes ont subi l'opération aux Etats-Unis. Si l'association a choisi de s'implanter aussi en Grande-Bretagne, c'est peut-être parce que, comme le rappelle le Guardian, «deux-tiers des enfants pris en charge par l'Etat ont des parents avec des problèmes de dépendance», chiffre «qui atteint les 80% en Ecosse».

Barbara Harris sait que ses idées et ses actions provoquent la polémique voire la haine, mais elle n'y prête pas attention, raconte-t-elle au Guardian.

«Ils veulent m'appeler Hitler, mais eux, que font-ils pour aider? Est-ce qu'ils veulent adopter un de ces enfants [nés de parents toxicomanes] dont ils prônent le droit à la vie? Tout le monde parle des droits de la femme [stérilisée], mais qu'en est-il de ceux des enfants? Ce sont eux, les premières victimes»

Harris a aussi été accusée de racisme, la majorité des femmes volontaires pour la stérilisation outre-Atlantique étant Afro-américaines.

Ses arguments ne font pas taire les critiques. Une autre ONG, Addaction qui se bat contre les dépendances face à l'alcool ou la drogue, a qualifié ses actions de «moralement répréhensibles et non-efficaces», notant que les toxicomanes ont déjà une série de mesures contraceptives à leur disposition. Certaines personnes pointent du doigt l'usage des 229 euros, qui seront sûrement dépensés pour acheter de la drogue –ce qui ne fait qu'aggraver la situation des toxicomanes qui s'adressent à son association–, ou lui reprochent de considérer que les enfants nés de parents drogués sont un poids pour la société.

Photo: relaxing after work, andronicusmax via Flickr CC License by

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