Tout commence fin septembre 2010, lorsque la DIA (direction enquête antimafia) de le ville sicilienne de Caltanissetta, reçoit un document anonyme. Rien de spécial jusque-là, sauf que le document contient les révélations d'une source confidentielle qui aurait participé à un sommet entre les représentants des mafias italiennes: Cosa Nostra, 'Ndrangheta et Camorra. D'après Il Giornale di Sicilia, la réunion se serait tenue dans une maison de campagne dans la périphérie de Messine. Avec un but bien précis: sonner le début d'une nouvelle saison de massacres, explique la Repubblica.
Les cibles des mafias? Les magistrats les plus impliqués dans la lutte contre les différentes organisations criminelles: on commence avec les noms de Giuseppe Pignatone et Michele Prestipino, le procureur de Reggio et un de ses adjoints, arrivés il y a deux ans en Calabre après avoir emprisonné Bernardo Provenzano, membre de la mafia sicilienne recherché depuis 40 ans. D'après le document, le «plan d'attentat» contre Pignatone et Prestipino avait déjà été discuté lors d'un précédent sommet à Messine. Et ce n'est pas tout: d'après le document, les mafias ont d'autres objectifs: le procureur de Caltanissetta Sergio Lari, son adjoint Domenico Gozzo et son substitut Nicolò Marino, «parce qu'ils s'intéressent aux enquêtes sur l'attentat à Borsellino, et à d'autres faits qui concernent les clans».
Pendant le sommet, le représentant des «napolitains» aurait «exposé son intérêt à frapper» le magistrat Raffaele Cantone, symbole de la lutte contre le clan des Casalesi. D'après la source, Cantone avait déjà été filé à Rome. Les boss palermitains, eux, appuient la demande d'un «ami avocat» qui souhaite «tuer un journaliste». Enfin, tous les participants au sommet auraient été d'accord sur un point: tuer Sebastiano Ardita, magistrat du Dap (Département de l'administration pénitentiaire): «Il s'occupe du 41 bis (article de loi qui permet au ministère de la Justice de suspendre les règles de traitement des détenus dans des cas graves d'urgence)», lit-on dans le document.
De Rome à Caltanissetta, l'alerte attentat est de retour, explique Blitz Quotidiano. Les mesures de sécurité ont été renforcées. Reste à savoir quelle est l'origine du document envoyé fin septembre. Deux enquêtes sont menées, à Catania et Catanzaro. Les hypothèses sont au nombre de deux: soit le document a été rédigé par des services secrets, soit le document est un faux. Ce qui est certain, et inquiétant, c'est qu'il recèle des informations confidentielles sur les déplacements des magistrats et sur les enquêtes dont peu de personnes sont au courant.
Photo: Van houtte octopus, Louis Van Houtte via wikimedia.