Le gouvernement américain est en train d'essayer de mettre l'Internet mondial sur écoute, rapporte le New York Times. Les personnes en charge de la sûreté nationale estiment que leur capacité à mettre sur écoute des criminels et des potentiels terroristes diminue à mesure que les gens communiquent en ligne, au lieu d'utiliser leur téléphone.
Ils veulent donc que le Congrès passe une loi exigeant que tout service permettant des communications (y compris des transmetteurs d'emails encryptés comme les BlackBerry, des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, ou encore des services de communication peer-to-peer comme Skype) soit techniquement capable de livrer des historiques de conversations si un juge le leur demande. Comme l'explique une avocate du FBI:
«On parle d'interception autorisées par la loi. On ne parle pas d'étendre l'autorité [du FBI]. On parle de préserver notre capacité à exercer notre autorité existante pour protéger la sûreté publique et la sécurité nationale.»
Les responsables voudraient également que les compagnies étrangères qui sont des acteurs du marché américain (comme RIM, le constructeur canadien des Blackberrys) soient obligés d'avoir un bureau américain capable d'intercepter des communications, et que les logiciels de communication peer-to-peer soient redesignés pour permettre la même chose.
Pour la Electronic Frontier Foundation, une ONG spécialisée dans les droits civils dans le monde numérique, une telle loi aurait un terrible impact sur l'innovation, comme l'explique un de ses avocats:
«Est-ce que Mark Zuckerberg aurait pu construire Facebook dans son dortoir s'il avait dû y bâtir des capacités de surveillance avant le lancement pour éviter des amendes? Est-ce que Skype aurait jamais existé s'ils avaient été forcés d'inclure un goulot artificiel sur toutes vos communications peer-to-peer?»
Un autre problème technique de taille serait en jeu si une telle loi devait être appliquée: prévoir la possibilité d'intercepter des communications va nécessairement créer des failles de sécurité qui pourraient être exploitées par des hackers. Wired note d'ailleurs que ce problème avait déjà été soulevé à la fin des années 1990, mais que le FBI avait finalement conclu que la sûreté nationale serait renforcée par une utilisation large du cryptage pour sécuriser les ordinateurs ainsi que les communications sensibles d'entreprises et du gouvernement.
A LIRE SUR SLATE: La porte dérobée d'Internet
Photo: The internet 2.0, monoglot, via Flickr CC License by