Alors qu’il avait 8 ans, le jeune David Eagleman a chuté du toit d’une maison en construction. Aujourd’hui devenu professeur spécialisé en neurologie, il se souvient encore précisément de nombreux détails de la scène. Cette expérience a été tellement marquante pour l’universitaire qu’il a décidé de recueillir les témoignages de nombreuses personnes ayant frôlé la mort pour comparer leurs sensations à la sienne. Tous ont exprimé avoir eu l’impression que le monde tournait au ralenti.
Afin d’étudier plus en détail cette sensation, NPR rapporte qu’il a utilisé avec ses étudiants une attraction appelée SCAD Diving, qui consiste en une chute libre de 3 secondes dos au sol, avant d’être rattrapé par un filet de sécurité. Une image valant mieux qu’un long discours, voilà une chute de SCAD Diving (ne cliquez pas si vous êtes sujet au vertige):
Ses conclusions sont éloquentes:
«En fait, quand on tombe, on ne “voit” pas vraiment le monde en ralenti. Ce n’est pas comparable à une caméra. C’est bien plus intéressant que cela.»
Et de continuer:
«Normalement, notre mémoire fonctionne comme une passoire. Nous n’enregistrons pas tout ce qui est perçu par notre système.»
Ainsi, lorsque l’on marche dans la rue, par exemple, nous sommes soumis à une multitude de stimuli que notre mémoire n’intègre pas: des visages, des panneaux de signalisation, etc. Si tout à coup une voiture surgit et file dans votre direction, votre mémoire ne va plus faire la distinction entre l’accessoire et l’essentiel. Vous allez alors accumuler une quantité astronomique de souvenirs en très peu de temps. La sensation de ralenti serait alors une manière pour le cerveau de réorganiser ces informations. C’est pourquoi, selon David Eagleman, «lorsqu’on se rappelle ces moments, on a l’impression que cela a duré une éternité».
Photo: The Ultimate Rush / familymwr via Flickr CC License by