Le Comité des Nations Unies pour l’Élimination de la Discrimination Raciale (CERD) n’a pas mâché ses mots. Jeudi, ses experts ont dénoncé un «manque de volonté politique» face à une «recrudescence» des actes racistes dans l’Hexagone.
Centrés sur un rapport d’une centaine de pages remis par la France au sujet de sa politique de lutte contre les discriminations, les débats ont rapidement dépassé le cadre juridique. Ainsi, outre les inquiétudes relatives à l’attribution de visas ou de carnets de circulations pour les sans domicile fixe, ce sont les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy à propos de la déchéance de nationalité qui ont donné un tour politique à la discussion.
«Je ne comprends pas ce que c’est qu’un Français d’origine étrangère», s’est exclamé le représentant turc du Comité, Gun Kut. Son homologue algérien, Nourredine Amir, s’est lui interrogé au sujet de l’extradition des Roms, traités «comme s’ils n’appartenaient pas à l’Union européenne».
En France, les réactions n’ont pas manqué. Noël Mamère, député Vert de Gironde, est ainsi revenu sur France Info sur la tournure des débats:
«Le rôle d’un président de la République, ce n’est pas d’être un diviseur, ce n’est pas de souffler sur les braises, [...] c’est d’essayer de faire en sorte de rassembler les Français. D’une certaine manière, il attise les haines. On ne peut pas continuer comme ça. [...] Il est dans la position d’un chef de clan, de parti, qui cherche par tous les moyens à retrouver les voix qu’il a perdu.»
À droite, le secrétaire d'État aux Affaires européennes Pierre Lellouche s'est employé à justifier les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy.
«Les polémiques entretenues ici ou là au sujet de décisions prises par le gouvernement français n’ont pas lieu d’être. [...] Toutes ces politiques actuellement menées ne visent précisément qu’à garantir les libertés publiques. [...] La France est un Etat de droit rigoureusement respectueux des Droits de l’homme dont elle a été la première inspiratrice depuis deux siècles.»
Christian Vanneste, député UMP du Nord, a quant à lui fait part de ses doutes sur la légitimité du Comité onusien:
«Sa constitution même le rend suspect. Tous les pays qui en font partie ne sont pas des exemples de démocratie vivante ou de respect des minorités: l’Algérie, la Russie, la Roumanie –qui traite très mal les Roms [...]–, le Pakistan, la Turquie –avec son passé avec les Arméniens et son présent avec les Kurdes [...]. Lorsque l’on a une poutre dans l’oeil, il faudrait éviter de chercher la paille dans celui du voisin [...]. Les propos qui sont tenus sont déplacés et injurieux. Nous n’avons aucune leçon à recevoir.»
Parmi les membres du CERD, on compte également les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Irlande et la France. Soucieuse d’apaiser les discussions, la délégation française a préféré annoncer le lancement à la rentrée d’un plan de lutte nationale contre le racisme, sans entrer dans les détails pour l’instant.
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Photo: Pierre Lellouche en 2009 - Charles Platiau / REUTERS