C'est une humiliation pour les Etats-Unis et les médias américains n'en reviennent pas. La valeur du dollar canadien, la monnaie de ce pays à peine peuplé au nord des Etats-Unis, ne cesse de grimper face au dollar du puissant voisin américain. Les deux devises sont aujourd'hui proches de la parité.
Il ne venait à personne l'idée de remettre en cause le postulat selon lequel le dollar canadien devait éternellement valoir 15% de moins que le dollar américain. Même du côté canadien, cela semblait être une norme incontestée.
Mais la crise financière et économique des trois dernières années a tout changé. La prudence des banques canadiennes contraste avec les risques pris par leurs homologues de Wall Street. Le Canada regorge de ressources naturelles agricoles, et de minerais et d'énergie dans son sous-sol. Le Canada a du bois, du blé, du gaz naturel, du zinc, de l'uranium et plus de pétrole que n'importe quel autre pays au monde à l'exception de l'Arabie Saoudite. La croissance ininterrompue en Asie est une très bonne nouvelle pour le Canada. Tout comme la décision récente de la Russie de cesser ses exportations de céréales qui devrait, selon les économistes, donner un nouveau coup de pouce à la devise canadienne. Enfin à plus long terme, le réchauffement climatique ne devrait pas vraiment incommoder le Canada.
Autre atout considérable, le Canada a un système de régulation financière qui peut être considéré comme un modèle. Le régulateur, The Office of the Superintendent of Financial Institutions, a empêché les établissements financiers canadiens de prendre trop de risques au cours des dernières années. Résultat, aucune banque canadienne n'a été menacée de faillite pendant la crise financière et aucun argent public n'a été nécessaire pour soutenir le système financier du pays. Les banques ont donc continué à prêter à des entreprises et à des particuliers solvables et la croissance du Canada devrait atteindre 3% cette année.
Le Wall Street Journal souligne enfin qu'une des raisons de la réussite de l'économie canadienne tient à la baisse continue du poids de l'Etat, des impôts et des dépenses publiques dans l'économie depuis le début des années 1990. Les dépenses publiques qui représentaient 52% du PIB du Canada en 1993 sont descendues à moins de 40% en 2008. Les impôts n'ont cessé de baisser dans le même temps et le taux d'imposition des bénéfices des sociétés est aujourd'hui de seulement 18%. Ainsi, entre 1997 et 2007, la croissance moyenne du Canada était de 2,1% par an contre 1,1% pour la moyenne des pays de l'OCDE tout en conservant un bon niveau de protection sociale.
Photo: Un billet de cent dollars canadien. Mark Blinch / Reuters