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Wikileaks: les Etats-Unis payent les médias afghans

Temps de lecture : 2 min

- Un militaire allemand se fait photographier par un journaliste, REUTERS/Fabriz
Un militaire allemand se fait photographier par un journaliste, REUTERS/Fabrizio Bensch

Dernières révélations issues des documents militaires secrets publiés par Wikileaks: les Etats-Unis ont payé à plusieurs reprises des médias afghans pour être présentés de façon plus avantageuse dans les journaux locaux.

C'est le blog de Yahoo! The Newsroom qui l'affirme, en citant plusieurs des 92.000 documents mis en ligne par Wikileaks. Un rapport d'une Equipe Provinciale de Reconstruction (EPR), composée de civils et de militaires et censée aider à reconstruire l'Afghanistan, indique ainsi:

«La EPR a donné 12 heures de contenu radio PSYOP à Radio Ghaznwyan et la Radio Ghazni pour la semaine du 6 au 12 novembre. Les sujets traités incluent l'histoire, de l'Afghanistan, le droit et les droits de l'homme à Dari et Pashto [...] De plus, la EPR a payé 3.900 dollars Radio Ghaznwyan pour le temps d'antenne de contenu radio du mois d'octobre.

Le terme «PSYOP», qui signifie «opérations psychologiques», est une forme de propagande, avec comme but « d'influencer les opinions, émotions, attitudes et comportements de groupes étrangers hostiles afin de soutenir la réussite d'objectifs nationaux». L'appellation a été changée début juillet 2010, à cause de la «sensibilité, à l'étranger et à l'intérieur, au terme "opérations psychologiques", qui mène souvent à des malentendus sur la compréhension de la mission», avait alors expliqué un porte-parole de l'armée.

Le nom a changé, mais pas le but, ni les moyens: en plus de ce rapport, The Newsroom en a entre autres déniché un où le directeur de l'Association des Journalistes Afghans Indépendants proposait à une Equipe Provinciale de Reconstruction un partenariat où son agence publierait des photos et articles de l'EPR, et un autre où l'armée fait référence à un journaliste afghan en l'appelant «notre journaliste».

Les Etats-Unis avaient déjà adopté cette technique de communication lors de la guerre en Irak, ce qui lui avait valu de nombreuses critiques: comme le Los Angeles Times l'écrivait alors:

«L'effort militaire de dissémination d'une propagande dans les médias irakiens se déroule alors même que les responsables américains jurent de promouvoir les principes démocratiques, la transparence politique et la liberté de parole dans un pays qui émerge de dizaines d'années de dictature et de corruption. Il se déroule alors même que le Département d'Etat est en train de former des reporters irakiens aux compétences journalistiques de base et à la déontologie médiatique occidentale, avec notamment un atelier nommé "Le rôle de la presse dans une société démocratique".»

Une enquête militaire avait alors conclu que ces pratiques ne violaient pas la politique du Ministère de la Défense, ni la loi américaine.

A LIRE EGALEMENT SUR SLATE: Une application pour enquêter sur les documents rendus publics par Wikileaks; Pour un vrai compte-rendu de la guerre, lisez la presse; Wikileaks: les documents ne nous apprennent rien de nouveau; Wikileaks: de la grosse Bertha à la grande vertu.

Photo: Un militaire allemand se fait photographier par un journaliste, REUTERS/Fabrizio Bensch

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