Les médias américains et leurs lecteurs/auditeurs/télé-spectateurs n'ont qu'une passion pour le week-end: le mariage de Chelsea Clinton, qui a eu lieu samedi 31 juillet. Quel créateur pour robe de la fille de Bill et Hillary Clinton? Qui a été invité et qui a été snobbé? Chelsea gardera-t-elle son nom de famille? Se convertira-t-elle à la religion juive, celle de son futur époux? Qui sont ses anciens amours? L'union surpassera-t-elle les autres mariages "royaux" américains?
Toutes ces questions pour le seul Daily Beast, un site certes friand de news people, mais qui reste assez emblématique de l'intérêt américain pour le mariage Clinton, qui anime jusqu'au Washington Post. Il faut dire que la sécurité autour de l'évènement (aucun avion ou hélicoptère n'aura le droit de voler trop près de la ville new-yorkaise de Rhinebeck où le mariage se déroule), et les rumeurs autour de son prix (de 2 à 4 millions d'euros –3 à 5 millions de dollars) ne font que renforcer l'excitation.
Salon.com s'exaspère de tout le bruit médiatique, qualifié d'obsession «emblématique de la façon dont notre culture récompense les femmes qui se marient, majestueusement ou non»:
« L'hyperventilation créée par la cérémonie nuptiale d'une femme –une frénésie tellement démesurée que les médias y emploient des efforts d'investigations qui seraient plus appropriés pour traiter, au hasard, le désastre de la marée noire–, me trouble encore plus que la violation –certes triste– de la vie privée de Chelsea.»
Se marier n'est pas «l'apothéose de la vie humaine, romantique, ou féminine» s'agace Salon. Chelsea Clinton est une jeune femme qui a accompli bien d'autres choses que ses épousailles (ses études impressionnantes ou son rôle pendant la campagne de sa mère pour n'en citer que deux), et le site regrette que tout le monde s'en fiche, s'énervant même contre Bill Clinton qui a qualifié le mariage de sa fille du «jour le plus important de sa vie».
«La fétichisation fiévreuse du jour du mariage n'est pas qu'irritante, elle est destructrice. Elle reproduit des attitudes à l'encontre de succès personnels, particulièrement féminins, qui devraient être périmées depuis longtemps: l'idée que le mariage est le but vers lequel nous tendons tous, que nos épousailles sont d'une certaine manière l'expression la plus exaltée de nos réussites et de nous mêmes. Qu'elles sont une preuve, une validation, un signe sûr que nous avons bien tourné.»
Mais Double X (le site féminin de Slate.com) n'est pas d'accord. Pour la journaliste Hanna Rosin, les médias s'intéressent autant aux mariés qu'aux mariées, et ce n'est pas le sexe de Chelsea qui explique tous ces articles.
«L'attention donnée au mariage de Chelsea paraît étrange parce que Chelsea ne la mérite clairement pas [Elle a toujours cherché à ne pas mettre en avant sa vie privée]. Mais c'est parce que tout ça n'est pas à propos d'elle. Le fait qu'elle porte une robe de Vera Wang ou d'Oscar de la Renta n'intéresse en réalité personne dans le monde de la mode. Mais ses parents intéressent. Chelsea a toujours été célèbre contre son gré, et par procuration, et ce n'en est que le dernier exemple en date. Ce qui nous intéresse, c'est l'idée d'un marriage de la deuxième génération Clinton.»
Photo: Chelsea and Runako / Runako via Flickr CC License By