Le feuilleton de la marée noire n'en finit plus au large des côtes du Golfe du Mexique. CNN souligne que grâce à la mise en place d’un entonnoir, BP avait empêché pour la première fois depuis le 11 avril le jaillissement de pétrole. Mais l'espoir a fait place à l'inquiétude. Alors que BP se félicitait, avec prudence toutefois, d’avoir stoppé les fuites de pétrole depuis le 15 juillet, les autorités américaines ont détecté dimanche 18 juillet une fuite et des anomalies à la tête du puits sans donner plus de détails.
CNN précise que le gouvernement américain a exigé aussitôt des explications de la compagnie pétrolière. Thad Allen, responsable des opérations de lutte contre la marée noire pour l’administration, s’est ainsi adressé avec fermeté dans une lettre aux responsables de BP:
«Je vous ordonne de me fournir une procédure écrite pour pouvoir ouvrir la vanne d’étranglement aussi vite que possible sans endommager le puits si la fuite d’hydrocarbone à côté du puits est confirmée»
Jusqu’alors, il était encore question que BP réouvre le puits après avoir mené des tests jusqu’à l’ouverture des puits de dérivation. Mais pour la première fois, il est question que le puits soit définitivement bouché. Une question qui divise l’administration Obama et BP.
Le chef des opérations de BP Doug Suttle a ainsi invoqué des raisons de sécurité pour fermer le puits:
«Nous nous réjouissons que le pétrole ne fuit plus dans le golfe de Mexico et nous voulons prendre toutes les mesures pour que cela continue. Il est très important de prendre des décisions guidées par la science. Au bout du compte, on doit s’assurer qu’il n’y ait aucun dommage irréversible qui pourrait causer des fuites non contrôlées dans l’eau»
Or, selon le Député Ed Markey, une des raisons qui pousse BP à vouloir garder le puits bouché est strictement financière:
«Si le puits reste bouché jusqu’à ce que l’opération de sauvetage soit terminée, on ne pourra pas déterminer avec précision l’écoulement du pétrole en provenance de ce puits. Si c’est le cas, BP, qui a constamment sous-estimé l’écoulement de pétrole, pourrait échapper à une amende de plusieurs milliards de dollars.»
Cette nouvelle fuite intervient dans un contexte politique particulier. David Cameron doit se rendre ce lundi 19 juillet à Washington pour rencontrer le président Obama et ce nouveau rebondissement ne devrait pas faciliter tâche du Premier ministre anglais. Businessweek souligne l’importance de cette visite pour la firme BP qui est face à des difficultés économiques, conséquences directes de la marée noire. Pour préparer cette rencontre, il s'est d'ailleurs entretenu avec le président de BP Carl-Henric Svanberg. Il s’agit pour David Cameron de faire taire les critiques à l’encontre l’entreprise britannique et d’assurer que BP puisse survivre à cette catastrophe. Un de ses arguments en faveur de BP est l’indemnisation des victimes, conditionnée par l’existence de la compagnie pétrolière. En ce sens il a déclaré:
«C’est important qu’au bout du compte, nous ayons une compagnie pétrolière forte et stable en mesure de survivre.»
Photo: après une opération de nettoyage, 26 mai 2010, Sean Gardner / Reuters