L'enquête russe débute en octobre 2016, un mois avant l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. À l'époque, une note du renseignement américain relate des soupçons d'ingérence de la Russie dans la campagne électorale américaine. Il est notamment question du piratage d'e-mails de membres du Parti démocrate dans le but de favoriser l'élection de Donald Trump.
Le 17 mai 2017, lorsqu'il apprend la nomination d'un procureur pour enquêter sur l'affaire russe, Donald Trump semble effondré: «C'est la fin de ma présidence. Je suis foutu.» En 2020, Trump se présente pourtant pour un second mandat. Que s'est-il passé entre ces deux dates?
C'est ce que raconte Trump et l'enquête russe – Un président déchaîné, une BD d'investigation basée sur les travaux du Washington Post qui sort ce jeudi 22 octobre en France. Elle est coéditée par les Éditions Goutte d'Or et le média d'investigation Disclose. Slate publie en exclusivité les premières planches.
Au printemps 2017, Donald Trump est au plus bas. Aux manettes depuis moins de quatre mois, il est toujours embourbé dans les polémiques liées à l'enquête russe. Au moment où le directeur du FBI s'apprête à témoigner devant le Congrès, Trump pense avoir trouvé la parade: il va pousser James Comey à déclarer publiquement qu'il n'est pas concerné par l'enquête. S'il refuse, il pourra dire adieu à ses fonctions.
Mais au cours de son audition, le patron du FBI évoque une autre enquête commencée peu de temps avant l'élection. Celle-ci concerne l'utilisation par Hillary Clinton d'une adresse électronique privée lorsqu'elle était secrétaire d'État, entre 2009 et 2013. Une enquête qui aurait contribué à sa défaite, selon les Démocrates. Un témoignage bien loin de celui attendu par Donald Trump.
La décision de Trump de limoger James Comey en mai 2017 a provoqué une tempête politique à Washington. Dans les jours qui suivent, l'affaire russe prend une tournure encore plus embarrassante. Rod Rosenstein, chargé de l'enquête depuis que le ministre de la Justice Jeff Sessions s'est récusé, est stupéfait par la façon dont Trump a évincé Comey. Il décide donc de nommer un procureur spécial pour reprendre le contrôle de l'enquête et la mettre hors de portée du ministère... et du président des États-Unis.
En juin 2017, Donald Trump apprend qu'il fait l'objet d'une enquête judiciaire conduite par le procureur Robert Mueller. À plusieurs reprises, le président tente d'obtenir sa destitution. En vain. Il cherche désormais un autre moyen de le brider.
Le 25 janvier 2018, le New York Times révèle que l'été précédent, Trump a ordonné au conseiller juridique de la Maison-Blanche, Donald McGahn, de faire en sorte que le ministère de la Justice révoque le procureur Robert Mueller. Le Times affirme que McGahn a menacé de démissionner plutôt que de s'exécuter. En public, Trump dément avoir demandé la tête de Mueller. En privé, il monte au créneau pour que McGahn conteste ces informations.
Malgré les protestations de Donald Trump, l'enquête du procureur spécial Robert Mueller progresse. Déclenchées en 2017, les investigations révèlent que certaines infractions potentielles reprochées à l'entourage du président ne sont pas directement liées à la campagne présidentielle de 2016. Voyant ses proches menacés, le président fustige ceux qui coopèrent avec Mueller et ouvre la porte à une possible grâce pour ceux qui ne coopèrent pas... laissant craindre qu'il cherche à influencer leur témoignage.
Mueller a finalement mis en cause ou fait condamner six proches de Trump pour différents crimes –mais aucun n'a été accusé de conspiration avec la Russie dans le cadre de la campagne de 2016.
