Après s'être installée à Hollywood en 2013, Emily Berl s'est intéressée aux femmes qui entretiennent une passion pour Marilyn Monroe. «Ces photographies de femmes qui s'habillent comme Marilyn Monroe interrogent la longévité de la star, raconte la photographe, mais plus important encore, ce travail offre un regard sur des femmes représentant la notion classique mais puissante du rêve hollywoodien. Bien que ce soit un cliché, l'idée de l'“Hollywood Dream” me fascine; à Los Angeles, cette course au succès est particulièrement palpable.» Son livre Marilyn (Sturm & Drang Publishers) a été publié en avril 2018.
«J'ai commencé mon projet “Marilyn” au début de l'année 2013, peu de temps après avoir déménagé à Los Angeles avec mon mari, qui avait décroché l’emploi de ses rêves comme écrivain pour la télévision, et un ami acteur. Le fait de déménager avec deux personnes qui poursuivaient le rêve hollywoodien me fascinait, parce que c'était quelque chose que je ne connaissais pas personnellement. J'essayais de m'adapter à Los Angeles quand j'ai commencé à remarquer le visage de Marilyn Monroe partout: sur les t-shirts, les peintures murales, les magazines. Son image était si omniprésente qu'elle se fondait dans la vie de tous les jours. Très vite, j'ai commencé à penser à Marilyn Monroe comme un symbole de l'endroit où beaucoup de gens viennent pour poursuivre leurs rêves.»
«J'ai trouvé mes premières modèles à travers le Marilyn Remembered Fan Club de Los Angeles. J'ai approché son président, qui a été incroyablement utile et m'a mis en relation avec les premières Marilyns. Ce projet était initialement censé être réalisé en Californie, mais je me suis vite rendu compte que le phénomène de Marilyn Monroe dépassait Los Angeles, alors je l'ai étendu à d'autres États américains et d’autres pays du monde. Les femmes photographiées viennent toutes d’horizons différents. Je suis toujours hésitante à les appeler “sosie”, “imitatrices” ou “artiste hommage”, parce que chaque femme le fait pour des raisons différentes. Certaines sont des imitatrices professionnelles, pour qui cette activité est un travail à temps plein. D'autres sont des actrices qui envisagent de jouer le rôle de Marilyn toute leur vie. D'autres encore sont simplement des fans, qui s'habillent comme Marilyn pour rendre hommage à une personne qu'elles aiment et admirent.»
«Il était important pour moi de veiller à ce que chacune des femmes qui participe au projet soit traitée avec respect et que rien ne paraisse ridicule ou exagéré. Mon but était de créer un portrait sincère de cette communauté dévouée. J'ai passé beaucoup de temps à réfléchir à la sélection d'images, à la conception et à l'impression. Les décors de mes photographies ont été choisis en fonction de l'endroit où les sujets ont vécu et de leurs préférences. Bien que cette série ne soit pas une collaboration totale, je voulais que les femmes photographiées aient leur mot à dire sur l'emplacement des prises de vue. Le plus souvent, nous nous rencontrions près de leur maison, et je cherchais à l'avance des endroits spécifiques pour les photos.»
«Certaines femmes avaient des idées très spécifiques, et j'étais heureuse d'aller où elles voulaient. Debra, qui vit à l'extérieur d'Amsterdam, a suggéré d'aller à Zaanse Schans, une ville touristique remplie de moulins à vent hollandais. Au début, je ne savais pas si le décor allait avoir du sens pour le projet, mais quand nous y sommes allées, l’expérience de se promener dans cette zone touristique néerlandaise avec quelqu'un habillé comme Marilyn Monroe a été incroyable. Les gens venaient vers elle pour la photographier, ce qui était surréaliste. Sa photo a été prise dans l'un des moulins à vent de Zaanse Schans. Debra a beaucoup de reproductions de robes de Marilyn: celle quand elle chante “Diamonds Are a Girl's Best Friend”, la robe rouge avec le chapeau de plumes du film Les hommes préfèrent les blondes, quand elle chante avec Jane Russell, la robe bleue de La Joyeuse Parade, la robe rose de Niagara avec le petit nœud sur le devant. Et évidemment celle du “Happy Birthday”»
«La plupart des femmes que j'ai photographiées pour ce projet ont mentionné leur désir de “protéger” Marilyn et son héritage, et je pense que c'est une raison majeure pour laquelle tant de personnes dans le monde entier lui sont dévouées. Mes modèles s'habillent comme Marilyn uniquement pour des événements ou des jobs spécifiques. Mais une personne dans le projet m'a vraiment marqué, Monica. Il n’y a rien de professionnel dans sa démarche. Elle est une fan qui a choisi de s'habiller comme Marilyn dans sa vie quotidienne, comme une forme d'hommage. Ce niveau de dévouement m'a vraiment attiré vers elle. Monica m'a dit: “Je veux être actrice. C'est mon rêve. [...] Peut-être que c'est scandaleux, mais j'ai toujours voulu être une actrice et une chanteuse. J'aime l'idée d'être quelqu'un d'autre pendant un moment et de tout laisser derrière moi. Marilyn [...] a eu ce rêve et elle l'a rendu grand. Peut-être que cela peut m’arriver. Si c'est le cas, c'est le cas. Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave.”»
«Je pense que les gens ont l'impression qu'elle n'était jamais totalement heureuse à 100%, explique Jami. Et c'est comme si on voulait la protéger. Maintenant, tout le monde dit: “Si j'avais été là dans sa vie, j'aurais pu la sauver.” Tout le monde veut sauver Marilyn.»
«Les moments où je suis la plus fière, c’est quand je ris en disant quelque chose qu'elle a dit, raconte Ashley. Cela me donne l'impression de rappeler aux gens pourquoi ils l'aimaient tellement.»
«Je suis venue à Los Angeles pour être actrice, raconte Gailyn, et j'ai joué Marilyn dans une pièce. De là, j'ai commencé à recevoir toutes sortes d'appels pour être Marilyn, lors d’événements d'entreprises ou de spectacles. Ce n'est pas vraiment que j'ai choisi de le faire, c'est que les gens choisissent d'avoir une Marilyn Monroe.»
«Comme le disait Marilyn, “on devrait dire à toutes les filles qu'elles sont belles”. J'ai grandi en pensant que j’étais laide, parce que j'avais les cheveux roux et que ce n'était pas cool du tout. Un jour, une femme est venue d’Espagne voir notre famille. Elle a enlevé mes lunettes, bouclé mes cheveux, pris des photos et me les a envoyées. Ce fut un tournant pour moi. J'avais neuf ans.»
«Je pense que chaque femme retrouve un peu d'elle-même dans Marilyn Monroe. Nous pouvons toutes nous identifier. Elle permet à tout le monde de se sentir spécial, unique. Mais elle est aussi une réflexion; elle est très difficile à comprendre pleinement. Je préférerais être appelée une “artiste hommage” plutôt qu'une “imitatrice”, parce que je veux être moi-même en tant que Marilyn Monroe. Je ne veux pas être Marilyn Monroe et je ne veux même pas lui ressembler, parce que je veux ressembler à qui je suis dans la vraie vie.»