Depuis de nombreuses années, Anthony S.Karen documente le Ku Klux Klan qui prône une idéologie séparatiste blanche. Après The invisible empire: Ku Klux Klan, paru en 2009, le photographe publie cette année un second livre: White Pride ainsi qu'un documentaire: Beneath the Hood. Son travail constitue une intrusion unique au sein d'une des communautés les plus extrémistes des Etats-Unis. Par Fanny Arlandis
«J’ai un intérêt vif pour l’idéologie religieuse et les sujets en marge. Je pense que ce type d’histoires est souvent documenté de façon superficielle et sensationnaliste. La restriction de leurs accès contribue à cette perspective déséquilibrée. Mon intention est donc de montrer les choses dans un autre contexte, les histoires que certains veulent ignorer», explique le photographe.
«Je préfère documenter les projets sur du long terme parce que je pense qu’un travail peut toujours être amélioré, il y a toujours des nuances que tu découvres au cours des voyages suivants. Cette méthodologie s’est avérée utile en tant que photojournaliste, [...] plus j'amassais du temps et de l’expérience, plus mon auto-critique était profonde», poursuit l’ancien Marine
Ses e-mails sont clairs, Anthony Karen tient à la neutralité. Il le dit et le répète, parmi ces gens «certains sont riches, d’autres pauvres, certains intelligents, d’autres stupides». Son travail n'a pas pour objectif de porter un jugement mais uniquement de montrer une réalité.
Ce travail n’aurait jamais été possible sans une confiance forte instaurée avec les membres de l'organisation. Et cela se ressent dans les photos. «Quand tu as accès à l'espace intime d’une personne, tu établis une relation fondée sur la confiance», explique encore le photographe.
«Je pense qu'une grande partie de la crédibilité que j’ai gagné est le résultat de ma philosophie qui consiste à donner une partie de moi-même pour recevoir quelque chose en échange. J’ai passé du temps avec les gens, j’ai écouté ce qu’ils avaient à dire et j’ai traité chaque personne comme un individu», poursuit le photographe.
«Je n’ai pas à croire ce qu’ils croient, mais chaque fois que je suis dans la sphère personnelle de quelqu’un, je me sens obligé d’observer sans jugement», complète Anthony S.Karen.
Lors de l'échange, Anthony S.Karen insiste pour parler des réactions des gens lorsqu'il montre ses images. «Certaines personnes se mettent très en colère [...] se sentent-ils mieux pour autant? Je ne suis ni naïf, ni ne défend le Klan aujourd’hui, je ne comprends juste pas comment combattre quelque chose par la violence peut apporter une solution».
Lors des rituels de naturalisation les futurs membres ont les yeux bandés, leurs mains sont placées sur les épaules de la personne devant eux. Conduits à travers la forêt, menacés et interrogés, ils ne doivent pas rompre les liens.
