Conflit armé entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, manifestations historiques aux États-Unis, vague de protestations en Pologne... l'année 2020 a été marquée par des guerres sanglantes et des soulèvements populaires inédits. Que ce soit pour dénoncer le racisme et les violences policières, pour défendre leurs droits, lutter contre les dérives autoritaires ou faire chuter un dictateur, les citoyens du monde entier sont descendus dans la rue, malgré la pandémie de Covid-19. Tour d'horizon en images des principaux conflits et manifestations de 2020.
Depuis la réélection frauduleuse en août dernier d'Alexandre Loukachenko, 66 ans et au pouvoir depuis 1994, d'immenses manifestations ont lieu en Biélorussie. Soutenu par Moscou, Loukachenko refuse de quitter le pouvoir et réprime avec violence les rassemblements appelant à son départ. Des milliers de protestataires ont notamment été arrêtés et la principale opposante, Svetlana Tikhanovskaïa, a dû fuir le pays. Ici, une femme manifestant dans le centre-ville de Minsk, le 16 août.
Symboles des importantes manifestations qui se déroulent actuellement en Thaïlande, de grands canards gonflables sont portés par la foule à Bangkok, le 18 novembre. Ce mouvement de contestation débuté à l'été 2020 réclame la démission du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, appelle à la réécriture de la Constitution et remet en question le style de vie ainsi que l'absolutisme du roi Rama X. Une première dans l'histoire du pays.
Depuis le 4 novembre 2020, un conflit armé fait rage en Éthiopie, dans le petit État régional du Tigré, au nord du pays. Le gouvernement fédéral est opposé au Front de libération du peuple du Tigré, qui accuse notamment le Premier ministre Abiy Ahmed de rester au pouvoir alors que son mandat vient d'expirer, faute d'avoir pu organiser des élections générales en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. La région du Tigré est désormais coupée du monde et les ONG ont du mal à se rendre sur place. Pour l'heure, on dénombrerait des centaines de morts ainsi que des dizaines de milliers de personnes déplacées.
Des soignant·es brandissent des pancartes lors d'une manifestation appelant à un système de santé renforcé à l'extérieur de l'hôpital Gregorio Marañón de Madrid, le 25 mai. Partout dans le monde, notamment en France, de nombreuses manifestations liées au Covid-19 ont eu lieu, tantôt pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire de la part des gouvernements, tantôt pour fustiger les mesures draconiennes prises par ces derniers pour éviter la circulation du virus.
À Beyrouth, le 1er septembre 2020, des manifestants utilisent un panneau de signalisation pour enfoncer une barricade lors d'affrontements avec les forces de l'ordre libanaises. Depuis le début de l'année, plusieurs manifestations antigouvernementales ont éclaté, et se sont notamment intensifiées après l'explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août 2020. Depuis ce drame, la crise économique, sociale et politique que traverse le pays est à son paroxysme.
La France a également connu son lot de manifestations en 2020. Le 28 novembre, près de 133.000 personnes (500.000 selon les organisateurs) se sont rassemblées dans le pays pour s'opposer au texte de loi «sécurité globale», dont l'article 24 prévoit de restreindre la possibilité de filmer les forces de l'ordre, mais aussi contre les violences policières et le racisme. À Paris, la «marche des libertés» est partie de la place de la République en direction de celle de la Bastille, où des violences ont éclaté. Depuis, les protestations contre cette loi se poursuivent.
Depuis la fin du mois de septembre, les Azerbaïdjanais et Arméniens s'affrontent dans le territoire séparatiste du Haut-Karabakh, ravivant les souvenirs d'un conflit qui avait fait 30.000 morts au début des années 1990, au moment où cette région avait fait sécession de l'Azerbaïdjan. Le 10 novembre, après plusieurs semaines de conflits, les deux pays ont signé sous l'égide de la Russie un accord de fin des hostilités qui consacre les victoires militaires et entérine les gains territoriaux de l'Azerbaïdjan.
En Irak, d'importantes manifestations dénonçant la corruption et appelant à la chute du gouvernement ont débuté en octobre 2019, puis se sont poursuivies tout au long de l'année 2020. L'arrivée au pouvoir début mai du Premier ministre Moustafa al-Kazimi n'aura pas apaisé les tensions, notamment à Bassorah, où des manifestants se sont rassemblés près de pneus en feu pour exiger la démission des hauts responsables de la sécurité dans le gouvernorat irakien du Sud.
Des gens se rassemblent le 13 juillet à New York, devant le portrait commémoratif de George Floyd, un homme noir tué par un policier blanc le 25 mai 2020 aux États-Unis. La diffusion des images de sa mort brutale a entraîné un immense mouvement de protestation contre les violences policières et le profilage racial dans le pays, avant d'être repris dans le monde entier. En un peu plus d'un mois, près de 26 millions d'Américains sont descendus dans la rue, ce qui fait du mouvement Black Lives Matter («les vies noires comptent») le mouvement le plus important de l'histoire des États-Unis.
Une femme torse nu agite un fumigène dans le centre de Varsovie, à l'occasion d'une manifestation contre l'interdiction de l'IVG en Pologne, le 26 octobre 2020. Quelques jours plus tôt, le 22 octobre, le tribunal constitutionnel a proscrit l'interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du fœtus, rendant de fait l'IVG quasi illégale dans le pays. Depuis, les mouvements de protestation s'enchaînent et, pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du Parti ultra-catholique Droit et justice (PiS), la jeunesse est massivement mobilisée.