Voilà plus de vingt ans qu’Antoine Agoudjian, photographe français d’origine arménienne, part à la recherche de son pays perdu et de son peuple, désormais disséminé entre l’Arménie, l’Irak, la Turquie, la Syrie, l’Iran, Jérusalem, l’Azerbaïdjan et la Georgie.
Antoine Agoudjian met en images les récits oniriques que les réfugiés arméniens lui ont légués, mais puise également ces allégories dans son imaginaire. Mon travail, dit-il, est «par-dessus tout torturé par les fantômes qui peuplent ma mémoire». Sous forme métaphorique, chacune de ces photos d’aujourd’hui renvoie à l’histoire passée des Arméniens.
Cette année, Antoine Agoudjian expose pour la première fois à Istanbul, là même où le génocide des Arméniens a commencé il y a 96 ans, le 24 avril 1915. C’est Osman Kavala qui a ouvert à Antoine Agoudjian le Depo, l’espace d’exposition qu’il dirige, afin de «transmettre aux visiteurs de Turquie l’histoire de l’Anatolie et les drames de l’humanité vécus sur ces terres» alors même que la réalité du génocide est encore contestée par certains Turcs.
Ariane Bonzon
Les yeux brûlants, mémoire des Arméniens, exposition d’Antoine Agoudjian, au Depo, Istanbul, 26 avril-5 juin 2011
Les yeux brûlants, mémoire des Arméniens par Antoine Agoudjian, photo poche société, Actes sud, 2006, nouvelle édition 2011
Première commémoration du massacre de Sumgait, Erevan, Arménie, 1989
Gare Haydar, Istanbul, Turquie, 2010
Exode et occupation, Tchenguili, Anatolie, 2002
Descendants de rescapés arméniens islamisés, désert de Deir Zor, Syrie, 2001
Descendants de déportés arméniens islamisés, désert de Deir Zor, Syrie, 2001
Enfant blessé par accident lors d’un échange de tir, Bagdad, Irak, 2004
Sanctuaire du Saint Sépulcre, vieille ville, Jérusalem, 1999
Sous le blocus imposé par l’Azerbaïdjan, Leninakan, Arménie, 1993
Orphelines depuis le Séisme, Sevan, Arménie, 1989
Tribu des Ageydad, région de Deir Zor, Syrie, 2001
