«Un jour à l’aube, j’ai trouvé ces deux jeunes amoureuses endormies»
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«Un jour à l’aube, j’ai trouvé ces deux jeunes amoureuses endormies»

«Je voulais créer quelque chose pour me rappeler des gens, raconte la photographe Donna Gottschalk, artiste militante du mouvement féministe radical lesbien lorsqu'il se développait à New York et en Californie dans les années 1970. Avant d'avoir un appareil photo, alors que j'étais encore à l'école d'art, ce que je préférais étudier c'était les visages. Et faire des illustrations montrant une interaction humaine. Lorsque j'ai obtenu mon premier appareil, cela m'a donné un accès direct à des muses. Je photographiais mes amies et mes petites-amies dans leur propre environnement, autant que possible. Mon travail a donc toujours été un choix délibéré de produire des "portraits personnels". Je pense que personne ne m'a jamais demandé de le photographier.» Son œuvre fait pour la première fois l'objet d'une exposition intitulée Brave, Beautiful Outlaws, The Photographs of Donna Gottschalk au Leslie-Loham Museum of Gay and Lesbian Art de New York, jusqu'au 17 mars 2019. Elle raconte pour Slate l'histoire de certaines de ses photos.

«Un jour à l’aube, j’ai trouvé ces deux jeunes amoureuses endormies juste au moment où le jour pointait. C'était le printemps et il faisait encore assez froid. Je me suis glissée dans la chambre et j’ai collé la petite affiche "Lesbians Unite" au-dessus du lit. Puis j’ai pris la photo. Je pensais avoir tellement de chance de les avoir découvertes, dans leur innocence et leur rare moment de sécurité. Cette photo a été prise lors d'un événement appelé "Week-end des femmes révolutionnaires" organisé dans une propriété mise à disposition par les Quakers. Un week-end rempli d'ateliers et de discussions intenses sur les conventions de libération.»
Sleepers, Limerick, Pennsylvania, 1970 | Donna Gottschalk / Collection of the Leslie-Lohman Museum.

«Un jour à l’aube, j’ai trouvé ces deux jeunes amoureuses endormies juste au moment où le jour pointait. C'était le printemps et il faisait encore assez froid. Je me suis glissée dans la chambre et j’ai collé la petite affiche "Lesbians Unite" au-dessus du lit. Puis j’ai pris la photo. Je pensais avoir tellement de chance de les avoir découvertes, dans leur innocence et leur rare moment de sécurité. Cette photo a été prise lors d'un événement appelé "Week-end des femmes révolutionnaires" organisé dans une propriété mise à disposition par les Quakers. Un week-end rempli d'ateliers et de discussions intenses sur les conventions de libération.»

«J'avais loué un appartement de quatre chambres dans le quartier de Mission pour me loger avec mes quatre jeunes frères et sœurs, âgés de 12 à 22 ans. Tout le monde était gay sauf le plus jeune garçon. Nous avions une chambre supplémentaire que nous avions louée à d'autres femmes homosexuelles uniquement. Katz était l'invitée de l'une de ces femmes, venue de Boston, et elle est devenue l'une de mes amies intimes.»
Katz in the big chair, San Francisco, 1972. | Donna Gottschalk

«J'avais loué un appartement de quatre chambres dans le quartier de Mission pour me loger avec mes quatre jeunes frères et sœurs, âgés de 12 à 22 ans. Tout le monde était gay sauf le plus jeune garçon. Nous avions une chambre supplémentaire que nous avions louée à d'autres femmes homosexuelles uniquement. Katz était l'invitée de l'une de ces femmes, venue de Boston, et elle est devenue l'une de mes amies intimes.»

«J'avais acquis un trépied. L'appartement était occupé depuis quarante ans d'où le papier peint à rayures. Mais je l'ai aimé. J'avais un peignoir rayé. Au 3ème étage je regardais la vue sur l'est et le ciel... la lumière était merveilleuse.»
Self Portrait with Striped Wall Paper, New York. | Donna Gottschalk / Collection of the Leslie-Lohman Museum.

«J'avais acquis un trépied. L'appartement était occupé depuis quarante ans d'où le papier peint à rayures. Mais je l'ai aimé. J'avais un peignoir rayé. Au 3ème étage je regardais la vue sur l'est et le ciel... la lumière était merveilleuse.»

«Quand je suis rentrée à New York de Californie, j'ai rencontré l'une de mes premières colocataires / amies gays qui vivait dans le Queens. À ce moment-là, Chris était sur le point de devenir un homme et il était clair qu'elle avait l'intention de laisser le passé derrière elle et d'être absorbée par le monde hétérosexuel. Elle avait l'intention de changer de nom et de mettre un terme à toutes ses relations avec les gays. Je n'ai plus jamais entendu parler de Chris et je me demande comment elle va maintenant... elle doit avoir près de 70 ans désormais.»
Chris Jimenez and Their Dog, Queens, 1969. | Donna Gottschalk

«Quand je suis rentrée à New York de Californie, j'ai rencontré l'une de mes premières colocataires / amies gays qui vivait dans le Queens. À ce moment-là, Chris était sur le point de devenir un homme et il était clair qu'elle avait l'intention de laisser le passé derrière elle et d'être absorbée par le monde hétérosexuel. Elle avait l'intention de changer de nom et de mettre un terme à toutes ses relations avec les gays. Je n'ai plus jamais entendu parler de Chris et je me demande comment elle va maintenant... elle doit avoir près de 70 ans désormais.»

«Marlene, des amis et moi avions fait un voyage en Oregon depuis San Francisco pour rendre visite à des femmes qui vivaient en communauté là-bas. Mon Volkswagen est tombé en panne, Marlene et moi avons passé des jours à nous battre avec le moteur et Marlene a réussi à réparer la voiture. Nous avons emprunté les outils à un sympathique garage hippie qui nous a laissé travailler dans la ruelle. Marlene s'était entraînée à San Diego, où elle vivait et réparait des Volkswagen. Je l’ai aidée. À aucun moment de ma vie je me suis dit que j'allais exposer mes photos dans une galerie. À l'époque il était déjà assez difficile de prendre, de développer des films, d’imprimer les images. Et je ne me sentais pas satisfaite de mon travail. J’avais un cartable de photos que je montrais parfois à un ami. Je les ai ensuite publliées sur Internet, pour illustrer parfois une période, d'autres fois une personne.»
Marlene Resting with a Beer, Oregon, 1974. | Donna Gottschalk

«Marlene, des amis et moi avions fait un voyage en Oregon depuis San Francisco pour rendre visite à des femmes qui vivaient en communauté là-bas. Mon Volkswagen est tombé en panne, Marlene et moi avons passé des jours à nous battre avec le moteur et Marlene a réussi à réparer la voiture. Nous avons emprunté les outils à un sympathique garage hippie qui nous a laissé travailler dans la ruelle. Marlene s'était entraînée à San Diego, où elle vivait et réparait des Volkswagen. Je l’ai aidée. À aucun moment de ma vie je me suis dit que j'allais exposer mes photos dans une galerie. À l'époque il était déjà assez difficile de prendre, de développer des films, d’imprimer les images. Et je ne me sentais pas satisfaite de mon travail. J’avais un cartable de photos que je montrais parfois à un ami. Je les ai ensuite publliées sur Internet, pour illustrer parfois une période, d'autres fois une personne.»

«Le travail de Donna a été présenté au musée par Joan E. Biren, une photographe lesbienne bien connue qui avait repris contact avec Donna sur Facebook après plusieurs années sans nouvelles, raconte la commissaire de l'exposition Deborah Bright. Nous avons regardé les scans des négatifs de Donna et nous avons immédiatement su que son travail était important et que l'exposition allait valoir le coup. Je n'avais jamais entendu parler de Donna Gottschalk, sortie des radars LGBTQ depuis les années 1990. Je suis allée lui rendre visite chez elle en juillet 2017, une ferme dans l'extrême nord du Vermont (nord-est des États-Unis), très rurale et coupée des réseaux.»
Self-portrait in Maine, 1976. | Donna Gottschalk / Collection of the Leslie-Lohman Museum.

«Le travail de Donna a été présenté au musée par Joan E. Biren, une photographe lesbienne bien connue qui avait repris contact avec Donna sur Facebook après plusieurs années sans nouvelles, raconte la commissaire de l'exposition Deborah Bright. Nous avons regardé les scans des négatifs de Donna et nous avons immédiatement su que son travail était important et que l'exposition allait valoir le coup. Je n'avais jamais entendu parler de Donna Gottschalk, sortie des radars LGBTQ depuis les années 1990. Je suis allée lui rendre visite chez elle en juillet 2017, une ferme dans l'extrême nord du Vermont (nord-est des États-Unis), très rurale et coupée des réseaux.»

«Nous avons parcouru ses négatifs, dont beaucoup avaient été numérisés, poursuit Deborah Bright. Donna et moi avons fait une première sélection que j’ai rapportée à New York avec moi. Riya Lerner et moi les avons imprimés dans une chambre noire chez Pioneer Works à Red Hook (Brooklyn). Donna n'est plus restée active ni visible dans la communauté queer du New York post-années 1980. Elle a déménagé dans le Connecticut et a vécu de manière reculée, travaillant comme technicienne en photographie et femme d'affaires. Elle et sa partenaire ont vendu l'entreprise et ont déménagé dans les régions rurales du Vermont où elles vivent encore maintenant.»
Helaine on her girlfriend's lap, Provincetown, 1974. | Donna Gottschalk

«Nous avons parcouru ses négatifs, dont beaucoup avaient été numérisés, poursuit Deborah Bright. Donna et moi avons fait une première sélection que j’ai rapportée à New York avec moi. Riya Lerner et moi les avons imprimés dans une chambre noire chez Pioneer Works à Red Hook (Brooklyn). Donna n'est plus restée active ni visible dans la communauté queer du New York post-années 1980. Elle a déménagé dans le Connecticut et a vécu de manière reculée, travaillant comme technicienne en photographie et femme d'affaires. Elle et sa partenaire ont vendu l'entreprise et ont déménagé dans les régions rurales du Vermont où elles vivent encore maintenant.»

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