Depuis trois ans, Deborah Ory et Ken Browar photographient des danseurs et danseuses du monde entier pour capter l'émotion transmise par leurs mouvements. «J'ai toujours aimé trouver des danseurs qui, selon moi, bougent de façon fantastique, ceux qui semblent avoir un sens naturel du mouvement, explique Deborah Ory. Peu importe si ce sont des danseurs classiques ou modernes, j'aime juste les danseurs qui sont expressifs et ont un fort sens artistique.» Leur projet, NYC Dance Project, vient d'être publié dans un livre intitulé The Art of Movement (Black Dog & Leventhal).
Charlotte Landreau (Soloist, Martha Graham Dance Company) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Je danse depuis l’âge de sept ans, mais je n’ai commencé à prendre des photos qu'à l’université lorsque j’ai eu une fracture de fatigue qui m’a empêchée de danser pendant des mois, raconte Deborah Ory. Mon père venait d’acheter un appareil photo et il restait dans sa boite sur la table de la cuisine. Je l’ai pris impulsivement en me disant que j’allais aimer faire des photos et je me suis mise à photographier les répétitions de danse auxquelles je ne pouvais pas participer.»
Daniel Ulbricht (Principal, New York City Ballet) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Photographier des danseurs me semblait complétement naturel, comme la danse était quelque chose que je comprenais et qui me passionnait. Je suis ensuite devenue éditrice photo pour différents magazines, comme Mirabella ou le groupe Condé Nast, avant de devenir photographe indépendante. Ken photographie la mode et les stars. Il s’est installé à Paris après le lycée et a eu une longue carrière là-bas, travaillant pour des magazines et pour la publicité. Il a par exemple photographié la célèbre danseuse étoile Isabelle Guérin, membre du ballet de l'opéra de Paris, pour Madame Figaro.»
Marcelo Gomes (Principal, American Ballet Theatre) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Le projet nous est venu en décorant la chambre de Sarah, notre fille de douze ans. Sarah veut devenir ballerine et voulait décorer sa chambre avec des photographies de danse. Nous avons cherché sur internet, dans des magasins et des galeries mais nous n’avons jamais réussi à trouver des photos de danseurs que Sarah admirait. Il n’y avait que des photos de danseurs d’anciennes générations comme Mikhaïl Baryshnikov ou Alicia Markova, prises il y a plus de quarante ans.»
Samantha Figgins (Alvin Ailey American Dance Theater) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Nous avons donc décidé avec Ken de photographier les danseurs nous-mêmes. Nous sommes de grands fans de Daniil Simkin, le danseur principal de l’American Ballet Theatre et il est devenu notre premier sujet. C’est lui qui a ensuite convaincu les principaux danseurs de travailler avec nous, et le NYC Dance Project était lancé. En postant les images sur les réseaux sociaux, le mot s’est ensuite répandu dans toute la communauté des danseurs du monde entier et beaucoup nous ont approchés pour collaborer.»
Yannick Lebrun (Alvin Ailey American Dance Theatre) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Lors des prises de vue, il y avait à la fois une collaboration entre Ken et moi et avec le danseur. En général, nous le laissions improviser et essayer ses propres idées. Nous décidions ensuite ensemble de différents concepts de travail et nous passions du temps pour ajuter la lumière, les vêtements et les positions jusqu’à ce que l'on arrive à une image qu’on aimait vraiment.»
Sterling Baca et Nayara Lopes (Pennsylvania Ballet) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Les images se concentrent sur la capture de l’émotion par le mouvement, ce qui est l’essence de la danse pour moi: il s’agit d’un langage qu’on exprime par le mouvement. Nous n’avons jamais voulu nous concentrer sur les astuces de la danse, il était toujours question de capter le sentiment.»
Marcelo Gomes (Principal, American Ballet Theatre) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Cela pouvait passer par des simples mouvements comme la respiration que le danseur prend pour se préparer à effectuer un mouvement, ou dans l’expérience libre d’un saut magnifique. Ces images sont aussi une célébration des corps, les danseurs sont à la fois des artistes et des athlètes, et c’est ce que nous avons voulu souligner dans ce travail photographique.»
Miriam Miller (New York City Ballet) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Est-ce qu'il est difficile de faire une belle image d'un saut? Tout est une question de timing. Nous travaillons avec un flash et un appareil photo lent qui ne nous donne qu'une image pour chaque saut. Mais comme j'ai été danseuse si longtemps, je sais le saisir au plus haut et au bon moment.»
Tiler Peck et Robert Fairchild (Principals, New York City Ballet) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Toute la danse repose sur le moment – lorsque la performance est terminée, il s’agit juste d’un souvenir mais une autre performance de la même danse sera une expérience différente. La photographie permet de capter ces moments fugaces et de les geler dans le temps. C’est quelque chose de très spécial car les carrières de ces danseurs sont si courtes. La photographie nous permet aussi de toucher un public plus large et de partager cette forme d’art avec de nombreuses personnes qui n’ont pas l’habitude du ballet ou de la danse moderne.»
Meaghan Grace Hinkis (Soloist, Royal Ballet) | NYC Dance Project / Deborah Ory et Ken Browar
«Exprimer un sentiment de mouvement dans une image fixe est un défi et c’était l'un de nos buts pendant ce projet. Je crois que c'est lorsque tout fonctionne comme il faut et que nous saisissons le danseur au moment le plus beau de son mouvement que nous pouvons sentir ce sens du mouvement, même dans une image fixe.»