En 2008, le Premier ministre australien Kevin Rudd impulse le «processus de réconciliation» (The Reconciliation Process). Le pays demande officiellement pardon aux Aborigènes pour les traumatismes causés par la colonisation et par une loi qui permettait l'enlèvement d'enfants à leurs familles entre les années 1920 et les années 1970. Ces enfants étaient alors placés afin d'essayer de créer une «Australie blanche». On les appelle les «générations volées».
La photographe Aletheia Casey s'intéresse aux effets de cette loi et à ceux des excuses nationales sur le long terme. Elle donne la parole à des femmes issues de ces générations ainsi qu'à des membres de leurs familles. Elles évoquent leurs douleurs, leurs reconstrutions et la nécessité de réconciliation.
Jasmine, Nouvelle-Galles du sud | «D'une certaine façon, l'Histoire se répète... Maintenant j'ai peur que la même chose arrive à mon enfant.»
Susan Moylan-Coombs, Nouvelle-Galles du sud | Susan Moylan-Coombs est née à Darwin. Elle a été enlevée à sa mère à la naissance et emmenée dans le Territoire du Nord avant d'être adoptée par une famille à Sydney. Elle n'a revu sa mère que vingt-et-un an plus tard.
Caroline, Sydney Nouvelle-Galles du sud | «Ma mère, ma grand-mère et ma sœur ont fait partie de ces générations volées. Leurs présences et leurs enseignements me manquent. Ces vides dans ma vie restent toujours en moi, enveloppés dans la douleur, se déplaçant comme la marée.»
Jennifer Louise Moylan, 14 ans, près de Darwin, Territoire du Nord | «Ma mère fait partie des générations volées. Je me souviens d'elle devant les informations lorsque le Premier ministre s'est exprimé. Je n'ai pas compris pourquoi ensuite à l'école les élèves se sont mis à dire des choses horribles sur ma mère et moi. [...] J'ai pleuré quand je suis rentrée à la maison.»
Sue Pinckham, Balmain, Sydney | «Il est si dommage que le gouvernement n'ait pas fait ses excuses il y a trente ans... Nous aurions eu le temps d'être maîtres de notre propre autonomie.»
Aunty Grace, Nouvelle-Galles du sud | «Je suis née à Berri [Australie-Méridionale, ndlr], à cette époque les autochtones n'étaient pas autorisés à aller à l'hôpital, alors je suis née dans un hangar.»
Lorraine McGee-Sippel, Sydney | «Tout ce qui est supprimé revient. La mémoire n'oublie pas.»
Kim, La Perouse, près de la mission où elle a grandi, Sydney, Nouvelle-Galles du Sud | «Lorsque je pense à ce qui s'est passé, mon cœur s'alourdit. Je me sens privée d'un droit, bonne à rien. Je ne suis pas en colère, je suis déçue du genre humain.»