Mardi matin, les couteaux risquent d’être tirés à l’heure du petit déjeuner rue de Vaugirard. Le conseil politique de l’UMP doit se réunir à l’initiative de Jean-François Copé afin de solder, politiquement parlant, l’affaire Bygmalion. Le président du parti joue sa tête. Une victoire aux européennes aurait pu le placer en position de force pour tenter de conserver son poste, au moins jusqu’au terme de son mandat, en novembre 2015.
Mais la défaite de l’UMP, arrivé cinq points derrière le FN avec 20% des voix, grève un peu plus son crédit, sérieusement entaché par cette affaire de présumées fausses factures en faveur de la société de ses amis Bastien Millot et Guy Alves.
Son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, élu ce dimanche soir député européen dans le Nord-Ouest, pourrait annoncer sa démission. Il serait, avec Eric Cesari, directeur général du parti, le fusible destiné à sauver Jean-François Copé. Après avoir tancé les journalistes – Le Point en particulier – pour leurs enquêtes sur le sujet depuis la fin du mois de février, le maire de Meaux a finalement dit «merci à la presse» pour son travail.
«Quand il a découvert tout cela, il est tombé de l'armoire. Il souhaite la transparence et ne se dérobera pas», a assuré un membre de son entourage au JDD. Lundi, trois députés UMP (Dominique Dord, Pierre Lellouche et Arnaud Robinet) doivent rencontrer les enquêteurs. Tous les trois sont fillonistes. Grand déballage en perspective…
Après avoir obtenu près de 28% des voix en 2009, alors qu’elle était au pouvoir, la droite subit une déconvenue significative. Nul doute que François Fillon, ainsi que la plupart des ambitieux de l’UMP, sauront le rappeler à Jean-François Copé. Le FN en tête, «ce serait humiliant pour la France», expliquait ce dernier il y a quelques jours encore.
Enhardi par la victoire de la droite aux municipales, le président de l’UMP espérait voir la tendance décrite par les sondages se renverser. Fort de sa «vague bleue» du mois de mars, il misait tout sur une victoire de son parti. Las, l’addition même des voix de l’UMP avec celles de l’Alternative UDI-MoDem permet tout juste de dépasser le score de 2009.
Mais le député-maire de Meaux n’est pas le seul à pâtir de ce résultat. En publiant une longue tribune sur l’Europe jeudi dernier, Nicolas Sarkozy savait qu’il prenait le risque de se voir associé à une éventuelle déroute. Passé inaperçu en Allemagne, son texte l’expose aux critiques de son camp. Histoire de ne pas laisser Jean-François Copé recevoir seul les balles.
Olivier Faye