Manuel Valls a défendu, ce mardi 29 avril, le programme de stabilité du gouvernement pour les trois années à venir, qui prévoit 50 milliards d'euros d'économies. Les députés l'ont approuvé lors d'un vote consultatif par 265 voix pour, 232 contre et 67 abstentions.
De nombreuses défections potentielles avaient été annoncées du côté des députés socialistes: au final, 41 se sont abstenus, soit deux fois plus que le «minimum» évalué par notre confrère Laurent de Boissieu, qui avait dressé un tableau récapitulatif des «frondeurs». Le député Jérôme Guedj, qui avait annoncé le matin même sur France Inter qu'il ne voterait pas le plan, a publié sur Twitter la liste de ces abstentionnistes, que l'on peut aussi consulter sur le site de l'Assemblée nationale.
41 députes socialistes se sont abstenus pic.twitter.com/XxZEOAX2Ra
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) April 29, 2014
Plusieurs membres du groupe SRC avaient lancé des signaux plus ou moins explicites indiquant qu'ils pourraient ne pas voter ce plan. Onze d'entre eux s'étaient déjà abstenus lors du discours de politique générale de Manuel Valls, le 8 avril, et huit autres ont envoyé une lettre au Premier ministre lui demandant d'aménager ses mesures et appelant à «un nouveau contrat de majorité».
Sur l'ensemble des deux premières années du quinquennat Hollande, qui sont les députés les plus frondeurs? Pour le savoir, nous nous sommes plongés dans le détail des votes sur les projets de loi gouvernementaux depuis juin 2012.
Les trois chevènementistes apparentés au groupe socialiste sont sans surprise les moins disciplinés, et ont d'ailleurs voté contre le programme de stabilité. Avec 10 votes contre chacun et respectivement 4 et 6 abstentions, Christian Hutin, député de la 13ème circonscription du Nord, et Jean-Luc Laurent, député-maire du Kremlin-Bicêtre, sont les deux députés les plus frondeurs du groupe. Directrice de l’ENA entre 2000 et 2002, Marie-Françoise Bechtel, députée MRC de la 4ème circonscription de l’Aisne, affiche elle 7 votes contre et 6 abstentions lors des scrutins solennels.
Ces députés chevènementistes ne sont pas tenus à une discipline de vote, contrairement aux députés PS. Ils ont en commun avec les membres de l’aile gauche du PS d’avoir, pour la plupart d’entre eux, voté contre la ratification du traité européen le 9 octobre 2012 et de s’être au minimum abstenus lors du vote de la loi sur la sécurisation de l’emploi (avril 2013) et de la réforme des retraites (octobre 2013).
Au sein du parti, les députés les plus frondeurs affichent environ moitié moins de votes rebelles. Avec 3 votes contre et 4 abstentions, l'élu PS officiellement le plus frondeur est Christophe Léonard, député de la 2ème circonscription des Ardennes et membre du mouvement de l’aile gauche «Un monde d’avance», animé par Henri Emmanuelli et Benoît Hamon. Il arrive à égalité avec Dominique Baert, député de la 8ème circonscription du Nord, largement réélu en 2012 malgré sa dissidence: il s’était présenté en dépit de l’accord national PS-EELV qui avait investi un autre candidat dans sa circonscription, ce qui lui a valu d'être exclu du parti.
Suivent de nombreux députés de l'aile gauche du PS qui affichent sept abstentions ou votes contre: Pouria Amirshahi, Fanélie Carrey-Conte, Nathalie Chabanne, Pascal Cherki, Barbara Romagnan...
Signalons par ailleurs que, parmi les 41 députés abstentionnistes de ce mardi, plusieurs n'avaient, depuis le début de la législature, jamais fait preuve à notre connaissance d'«indiscipline» parlementaire: Laurent Baumel, Arnaud Leroy, Franck Montaugé, Catherine Troallic, Christian Assaf, Serge Bardy, Philippe Baumel ou encore Christian Paul et Jean-Marc Germain.