Après les ministres délégués Bernard Cazeneuve et Thierry Repentin, Harlem Désir, nommé secrétaire d'Etat ce mercredi 9 avril, est le troisième à occuper le portefeuille des Affaires européennes lors de la présidence Hollande.
Du fait du bilan très critiqué du premier secrétaire du PS, y compris à l'Elysée, ce ministère est plus que jamais perçu comme un placard pour recaser un responsable politique à la dérive ou «une variable d'ajustement», comme l'écrivait déjà en juin 2011 le correspondant de Libération à Bruxelles Jean Quatremer.
Comme nous l'expliquions lors de l'éviction de Delphine Batho du ministère de l'Ecologie en juillet 2013, les ministères de l'Education nationale, du Travail et de l'Economie sont en apparence, et en valeur absolue, les plus instables, avec une trentaine de titulaires chacun depuis 1958 (soit une durée de vie d'environ 22 mois par ministre).
Mais en réalité, les ministères de l'Ecologie et des Affaires européennes le sont encore plus, avec respectivement 25 (Ségolène Royal l'a été deux fois) et 22 occupants sur une période plus courte: 43 ans pour l'écologie et 36 ans pour les Affaires européennes, ces dernières ayant été sans portefeuille sous la Ve Répulique jusqu'en 1978. La durée de vie ministérielle moyenne de ces postes n'est donc que de 20 mois.
Tête de liste du PS en Île-de-France lors des élections européennes de 2009, Harlem Désir n'avait fait que 13,58% des voix, loin derrière l'UMP Michel Barnier (29,60%) et le Vert Daniel Cohn-Bendit (20,86%). Il devait mener à nouveau la liste PS cette année, qui échoirait finalement à Vincent Peillon.
Comme député européen, Harlem Désir est crédité d'un bilan pour le moins mitigé. Il fait partie, tout comme Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly et Jean-Marie Le Pen, des eurodéputés français peu présents à l'assemblée. Le site VoteWatch Europe, qui mesure l'activité des députés du Parlement européen et note leur assiduité, le classe 752ème pour la présence aux votes du parlement en plénière, sur 766 députés.