France

Les propos les plus iconoclastes de Manuel Valls

Temps de lecture : 4 min

Socialiste rocardien que la gauche adore détester, Manuel Valls s'est fait remarquer par ses positions à rebours de la majorité de la gauche sur les questions d'intégration, d'économie ou sur la doctrine du PS.

Manuel Valls à La Rochelle, en août 2011. REUTERS/Régis Duvignau.
Manuel Valls à La Rochelle, en août 2011. REUTERS/Régis Duvignau.

En 2011, lors de la primaire socialiste pour désigner le candidat de la gauche à la présidentielle de 2012, en pleine année de psychodrame lié à l'affaire DSK, les Français découvrent deux nouveaux visages de fringants quadra du PS: Arnaud Montebourg et Manuel Valls.

Deux hommes aux positions affirmées et comme antagoniques: à la gauche du parti, Montebourg veut incarner la «démondialisation», la réindustrialisation et une forme de protectionnisme à la française. Manuel Valls, en hériter du rocardisme, se positionne lui dans l'aile sociale-libérale, euphémisme des sympathisants pour désigner des orientations économiquement moins étatistes que la ligne traditionnelle.

Sur le plan de la sécurité, de l'Etat, de l'immigration et de l'intégration, Manuel Valls a également un parcours jalonné de prises de position qui ont le don de le faire aimer d'une partie de la population de centre gauche et de droite, et d'en faire le repoussoir absolu des militants d'une gauche plus radicale. Il sera ainsi très régulièrement soupçonné par ses adversaires d'être une sorte de Sarkozy de gauche et d'incarner les «dérives sécuritaires».

Retour sur quelques prises de position et déclarations marquantes du nouveau Premier ministre de François Hollande.

Quand Valls tacle Robert Hue et le PCF

A l'époque, Valls est maire-adjoint d'Argenteuil, premier secrétaire de la fédération du Val d'Oise et responsable de la communication du PS. Candidat dans la circonscription d'Argenteuil aux législatives de 1997, il affronte Robert Hue, alors secrétaire général du Parti communiste. Face au député sortant RPR, il choisit d'attaquer le PC qui dirige la ville:

«Argenteuil est trop marquée par l'image du parti communiste, elle a besoin d'ouverture.»

Autre pique relevée à l'époque par Libération, Valls ajoute:

«Aux dernières présidentielles, Jospin était en tête à Argenteuil, quatre points devant le Front national, qui lui même devançait Robert Hue. Qui donc représente la gauche dans cette circonscription?»

«Ghetto»: l'affaire du Franprix halal d'Evry

«Si même le Franprix se spécialise, c'est le signe qu'il vaut mieux que tous ceux qui ne mangent pas halal quittent le quartier. Si on ne fait rien, si on accepte un échelon supplémentaire dans la spécialisation, le quartier va devenir un ghetto.»

La phrase, prononcée par le maire d'Evry en 2002, s'inscrit dans une affaire locale qui va rapidement devenir l'«affaire du Franprix halal» et marquera rapidement la perception de Manuel Valls au sein de l'opinion et de la gauche comme celle d'un républicain laïc opposé au communautarisme pour ses soutiens, un laïcard extrêmiste pour les autres. Car dans ce quartier des Pyramides, l'établissement a décidé de ne plus vendre d'alcool ni de porc (saucisson, rillettes, etc.) pour séduire sa clientèle musulmane. Valls s'y est fermement opposé, conformément à sa ligne anti-communautariste.

«Je n’étais pas partisan [...] de la suppression du service militaire, mais de sa réforme»

Lors d'un débat télévisé en 2005, rappellent Les Inrockuptibles, Manuel Valls déclare:

«Je n’étais pas partisan, moi, de la suppression du service militaire, mais de sa réforme, parce que c’était l’occasion de brasser toutes les couches sociales.»

Il proposait alors un service civil obligatoire pour les filles et les garçons.

«Il faudra aligner les régimes spéciaux sur le régime général»

Lors de la réforme des régimes spéciaux de retraite menée par le gouvernement Fillon en septembre 2007, Manuel Valls rejoint cette fois son adversaire en iconoclastie, Arnaud Montebourg, qui l'avait précédé en se disant favorable à cette réforme contre la position officielle du PS:

«Il faut dire la vérité aux Français. [...] Il faudra aligner les régimes spéciaux sur le régime général.»

«Nous ne reviendrons pas tous aux 60 ans»

Toujours sur les retraites, c'est ce que déclare Manuel Valls dans une interview à la Tribune en octobre 2010. «Il n'y aura pas de retour» à la retraite à 60 ans, «le dire c'est mentir aux Français!», répétera-t-il d'ailleurs au cours de la primaire de 2011.

«Tu me mets quelques blancs, quelques white, quelque blancos»

C'est LA déclaration polémique de Manuel Valls parmi toutes les autres. En juin 2009, lors d'un reportage de la chaîne Direct 8, le maire d'Evry fait le tour d'une brocante et, oubliant sans doute la caméra, demande à son conseiller:

«Belle image de la ville d’Evry. Tu me mets quelques blancs, quelques white, quelque blancos.»

«Je l'assume parce que je suis républicain et que je lutte contre tous les communautarismes», avait précisé l'intéressé après la polémique déclenchée par ces propos volés. Selon lui, il s'agissait de critiquer la ghettoïsation sociale et ethnique des quartiers pauvres.

«Le mot socialiste ne veut plus rien dire»

Sans doute la phrase iconoclaste de Manuel Valls la plus célèbre avec ses «blancos». Après l'échec du PS aux européennes en juin 2009 (16,48%), il lâche sur le plateau d'i>Télé:

«Il faut se régénérer. Il faut changer de méthodes. Il faut changer de direction. Il faut changer de génération. Il faut changer de programme. Il faut changer de nom [car] le mot socialiste ne veut plus rien dire.»

Soutenant Ségolène Royal contre Martine Aubry au congrès de Reims, où cette dernière l'emporte dans un contexte d'accusations de fraude de part et d'autre, il horripile tellement la nouvelle première secrétaire par ses sorties médiatiques répétées et critiques sur le Parti qu'elle lui adresse une lettre ouverte l'invitant à quitter le PS.

En juillet 2009, Manuel Valls avait adressé une tribune au Financial Times, institution de la finance britannique, intitulée «Le PS doit changer ou mourir».

«Nous devrons déverrouiller les 35 heures»

En campagne pour la primaire du parti socialiste en janvier 2011, Valls affirme ses positions libérales sur un sujet emblématique et très controversé du bilan de Martine Aubry, candidate elle aussi à la primaire. Sur Europe 1, il déclare:

«Il faut dépasser la question des 35 heures. Oui, nous devrons déverrouiller les 35 heures.»

Pour le candidat, l'objectif est alors de revenir aux 39 heures pour faire gagner du pouvoir d'achat aux salariés.

Les Roms «ne souhaitent pas s'intégrer»

Les Roms sont des «populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation», déclare le ministre de l'Intérieur sur France Inter le 24 septembre 2013. Hormis une minorité de familles, ils ont «vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie», ajoute-t-il. Le MRAP dépose une plainte pour racisme.

Auparavant, dans une interview au Figaro, le ministre de l'Intérieur du gouvernement Ayrault avait déjà remis en cause la volonté des Roms de s'intégrer en France:

«Les occupants de campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution

Jean-Laurent Cassely

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