La défaite de la gauche aux élections municipales de 2014 est historique, littéralement. Si l'on s'en tient à trois critères d'évaluation (les villes de plus de 30.000 habitants, les villes de plus de 100.000 habitants et les ministres sortants), la déroute de la gauche est d'une ampleur plus importante que ses deux grandes défaites précédentes aux municipales, en 1983 et 2001.
1. Villes de plus de 30.000 habitants
La gauche a perdu en 2014 plus de villes de plus de 30.000 habitants, qui constituent traditionnellement le critère privilégié pour évaluer le résultat des municipales, qu'en 1983 et 2001. L'AFP rapporte que 34 villes de plus de 30.000 habitants au total ont déjà basculé de gauche à droite selon les résultats parvenus à 22h, dont six villes dès le premier tour. Selon l'institut CSA, la gauche perdrait même 61 villes de plus de 30.000 habitants et préfectures:
La gauche avait gagné 39 villes (+30 000 et préf.) en 2008.Elle en perd 61. La droite efface largement le mouvement de 2008 #municipales2014
— bernard sananes (@bernard_sananes) 30 Mars 2014
Dans le sens inverse, seules Avignon et Douai ont été arrachées à la droite par la gauche, ce qui donne un solde négatif de 32 villesselon le chiffres de l'AFP, contre -29 en 1983 et -20 en 2001.
2. Villes de plus de 100.000 habitants
Avant le scrutin, la gauche contrôlait 29 des 41 villes de plus de 100.000 habitants. Elle en a perdu 10: Amiens, Angers, Argenteuil, Caen, Limoges, Reims, Saint-Etienne, Saint-Paul, Toulouse, Tours.
En 1983, la gauche n'avait perdu que sept villes de plus de 100.000 habitants: Nantes, Reims, Grenoble, Brest, Roubaix, Saint-Étienne et Nîmes. En 2001, elle avait compensé la perte de nombreuses villes moyennes et grandes (dont Strasbourg) par le gain de Paris et Lyon.
3. Ministres sortant battus
Deux ministres socialistes sortants ont perdu lors de ce second tour. Le ministre de l'Economie et des finances Pierre Moscovici a perdu chez lui à Valentigney dans le Doubs et le ministre délégué chargé de l'Agroalimentaire Guillaume Garrot a été défait à Laval. Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, a perdu dans le troisième secteur de Marseille contre le maire sortant UMP.
En 1983, huit ministres de gauche avaient perdu, mais aucun n'était sortant. En 2001, cinq «seulement» s'étaient inclinés, dont un sortant, Jack Lang à Blois.