Stéphane Ravier, tête de liste du FN à Marseille, remporte la mairie du 7e secteur de la ville, qui regroupe les XIIIe et XIVe arrondissements, au nord de la ville. Il est ainsi le candidat qui gagne la plus grande zone de population pour le FN, le secteur comptant 151.000 habitants.
Mais une mairie de secteur offre-t-elle vraiment des pouvoirs conséquents?
La loi PLM (Paris Lyon Marseille) de 1982 a institué ce rôle de maire d’arrondissement, élu parmi les conseillers de l’arrondissement huit jours après l’élection du maire de la commune.
Il donne un avis sur les projets d’urbanisme.
Sur le site de la mairie du 7e secteur de Marseille justement, celle où Stéphane Ravier présidera le conseil d’arrondissement, on lit:
«La loi définit une double compétence aux mairies d’arrondissements à Paris, Marseille et Lyon:
la gestion des équipements et services de proximité
la démocratie locale et le pouvoir de saisine du Maire de la Ville de Marseille sur toutes les affaires touchant les arrondissements.»
L’impôt et le budget municipal sont de la compétence du conseil municipal. Comme le notait La Provence qui s'est intéressée aux compétences du maire de secteur marseillais, ce dernier n'a pas les pouvoirs des maires d'arrondissements parisiens qui, eux, gèrent les places en crèche, les inscriptions dans les écoles et des travaux de voirie.
«En tout et pour tout, écrit le quotidien, Ravier n'aura compétence que sur les centres culturels de quartier et les centres aérés, les espaces verts de moins d'un hectare, les terrains de boules et certains stades. Et aussi, tiens, l'animation des comités de quartiers. Pour l'ensemble de ces équipements, la mairie des XIIIe - XIVe dispose d'un budget de... 2 € par habitant.»
Vous avez bien lu, les terrains de boules risquent d'être la limite de la marge de manoeuvre du FN à Marseille. Il aura aussi un pouvoir d'attribution pour les logements sociaux, mais de seulement 2 sur 50, écrit La Provence. Sur les projets d'urbanisme et les permis de construire, le maire de secteur peut seulement donner un avis consultatif...
Surtout, le maire de secteur sera isolé face un maire de la ville dont il n'est pas de la majorité, comme ce fut le cas pour son prédécesseur socialiste, Garo Hovsepian, déjà confronté à Jean-Claude Gaudin.
Lors de la campagne municipale, Jean-Claude Gaudin s’était rendu dans les XIIIe et XIVe arrondissements plein de promesses, affirmant: «mais d’abord il faut changer la gouvernance de la mairie de secteur», reprochant au maire sortant, Garos Hovsepian, «de critiquer tous les jours ce que fait le maire de Marseille».
En revanche Patrick Mennucci, qui a mené les listes du PS à Marseille, est battu dans son propre secteur (le 1er secteur, Ier et XIIe arrondissements), va perdre son rôle de chef de l'opposition au conseil municipal, qui était renforcé par son poste de maire de secteur. Avec des élus au conseil qui pourraient être plus importants que ceux du PS, Ravier pourrait se faire porte-parole d'une opposition d'extrême droite à l'alliance de la droite et du centre du maire Jean-Claude Gaudin.
Ce serait donc, au mieux, une sorte de ministère de la parole: le maire de secteur FN à Marseille devra se contenter d'un rôle tribunicien... Rien de bien effrayant pour le parti.